Trois émissions de la Fabrique de l'histoire consacrées à notre région: des ressources pour l'histoire contemporaine
L’île antérieure - Un documentaire de Séverine Liatard et Véronique Samouiloff
http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-documentaires-l-ile-anterieure-rediffusion-de-l-emission-du-5-jui
Posée au milieu de l’étang de Bages-Sigean près de Port-la-Nouvelle, la Nadière est un îlot minuscule de 5000 mètres carrés. Une vingtaine de familles commencent à s’y s’installer de manière permanente au milieu du XIXème siècle parce que l’île est située dans un lieu particulièrement poissonneux : anguilles, loups, daurades, soles, muges y vivent … Rapidement la pêche s’y organise collectivement : des barrages sont posés et les eaux partagées.
Dans cet espace restreint, sans eau douce et sans terre disponible pour cultiver le moindre jardin, les familles vivent dans la promiscuité tout en restant en contact permanent avec le continent. La vie y est rude, l’hiver surtout, avec le froid et les inondations et les femmes, semblent prisonnières sur ce morceau de terre qu’elles ne quittent que pour vendre le poisson à la Nouvelle et ramener les commissions.
Désertée durant la seconde guerre mondiale, l’île devient peu à peu le symbole de la terre originelle, une invitation au rêve, vestige d’un temps passé idéalisé.
Divers projets de valorisation patrimoniale ont vu le jour, beaucoup ont échoué. Récemment, le Parc naturel régional de la Narbonnaise en méditerranée a publié un carnet sur l’histoire et la mémoire de l’île accompagné d’un film documentaire dans le but de sensibiliser les collectivités locales à leurs spécificités culturelles.
Aujourd’hui laissé à l’abandon, l’île retrouve son état antérieur.
La Nadière S. LIATARD © RADIO FRANCE
Avec Francis Gaubert (ancien pêcheur de la Nadière) ; Gérald Mulet (petit-fils de pêcheur de la Nadière) ; Claire Mourrut etJean-Pierre Raynaud (frère et sœur, enfants de la Nadière) ;Josyane Guizard (fille et petite fille d’une famille de la Nadière) ; Christiane Amiel (anthropologue) et Anne Laurent(historienne).
Histoire de l'eau au XXème siècle 2/4
22.05.2012
Un canal nommé Lamour
Un documentaire de Stéphane Bonnefoi, réalisé par Séverine Cassar
Prise de son Yann Fressy
Bellegarde © RADIO FRANCE
Philippe Lamour
En février 1955, Philippe Lamour arrache des mains de Pierre Mendès-France, le jour de sa démission de la présidence du Conseil et sur le capot de sa voiture, la signature du décret instituant la création de la Compagnie nationale d’aménagement de la région du Bas-Rhône Languedoc (CNABRL).
C’est la fin du premier acte d’un combat vieux de dix ans pour Philippe Lamour, né dans le Nord en 1903 et arrivé par accident dans le Gard, sur la rive droite du Rhône, au cours de l’occupation.
Grâce à cette signature, le visionnaire Lamour va offrir un nouvel essor à sa région d’adoption, un Languedoc aride et peu industrialisé, soumis à une viticulture en perte de vitesse au sortir de la guerre. Son projet s’inspire de l’aménagement hydrologique de la Vallée du Tennessee, mené dans les années 30 aux Etats-Unis : la Tennessee Valley Authority (TVA).
Soit un vaste réseau d’irrigation (canaux, barrages) qui conduirait l’eau du Rhône à travers trois départements (le Gard, l’Hérault et l’Aude), permettant ainsi le développement d’une agriculture diversifiée. Le canal du Bas-Rhône, fruit du premier plan de modernisation de Jean Monnet, voit le jour au tout début des années soixante et la Costière gardoise, aux portes de Nîmes, ne tarde pas à s’imposer comme l’un des grands plateaux arboricoles européens grâce, notamment, à l’arrivée et au savoir-faire des rapatriés d’Algérie.
Mais l’eau ne servira pas qu’à des fins agricoles. Les centaines de kilomètres de réseaux du canal vont permettre au gouvernement Pompidou, dès 1963, de s’attaquer à l’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon.
Près de 60 ans après sa création, la compagnie du Bas-Rhône Languedoc (BRL), après bien des déboires, est devenue un acteur international de l’aménagement hydraulique. Société d’économie mixte locale (SEML) aux mains de la région Languedoc-Roussillon, elle ne saurait toutefois négliger sa vocation première face à l’afflux de nouvelles populations venues profiter du soleil méditerranéen.
Le projet Aqua Domitia vise aujourd’hui à conduire l’eau du Rhône jusqu’aux confins de l’Aude, et pourquoi pas prochainement, jusqu’aux Pyrénées… Le canal, souvent décrié pour son envergure démesurée, trouvera t-il demain une nouvelle raison d’être dans cette région où l’agriculture perd chaque jour des exploitants ?
En creux, se dessine au fil de ce documentaire, le portrait d’un homme gouverné par l’amour de la liberté et de la modernité, n’ayant jamais succombé aux sirènes de la vie politique. Philippe Lamour est considéré à bien des égards comme l’un des pères (oubliés) de l’aménagement du territoire en France, et dont ce cher Languedoc aura été le précieux laboratoire.
Avec Jean-Robert Pitte, géographe et biographe de Philippe Lamour, Dominique Granier, président de la chambre d’agriculture du Gard, Catherine Lamour, fille de Philippe, Damien Allary, président du conseil d’administration de BRL,Jean-François Blanchet, directeur de BRL et Roger Gassier, agriculteur sur la Costière à Caissargues (Gard), ancien rapatrié d’Algérie.
Le canal du Bas-Rhône et Philippe Lamour, une histoire commune :
* 1903 : Naissance de Philippe Lamour à Landrecies (Nord)
* 1923 : Avocat, il plaide notamment dans le cadre des affaires Seznec et Stavisky
* 1931 : Création de la revue d’avant-garde Plans, à laquelle collaborent notamment Le Corbusier et Fernand Léger.
* 1934 : Publication de son premier roman (« Un dur ») avec son ami, l’avocat André Cayatte.
* 1942 : Installation au mas Saint-Louis la Perdrix à Bellegarde, entre Nîmes et Arles.
* 1946 : Création de la Commission du Bas-Rhône. Visite de l’aménagement hydraulique de la Tennessee Valley (USA).
* 1947 – 1954 : Secrétaire générale de la Confédération générale de l’Agriculture (CGA)
* 1955 : Création de la Compagnie nationale d’aménagement de la région du Bas-Rhône et du Languedoc (CNARBRL, 1ère Société d’aménagement régional française) dont il sera le président jusqu’en 1974.
* 1956 : L’Etat autorise la compagnie à prélever jusqu’à 75 m3/s dans le Rhône pour alimenter les communes du Bas-Rhône et du Languedoc.
* 1957 : Avril, les travaux du canal s’ouvrent à Saint-Gilles (Gard). Au total, ils dureront dix années.
* 1960 : 26 février, inauguration de la station de pompage de Pichegu à Bellegarde, rebaptisée plus tard Aristide Dumont, par le général de Gaulle. Mars : visite de Nikita Khroutchev, président de l’U.R.S.S.
* 1961 : La concession attribuée par l’Etat à BRL est élargie pour permettre l’irrigation, grâce à un système de barrages, des plaines autour de Béziers et du littoral audois. A la fin des années 60, construction du barrage du Salagou, puis des Olivettes (Hérault) au milieu des années 80.
* 1963 : Février, création de la Commission nationale d’aménagement du territoire dont Philippe Lamour est nommé président. Juin : création de la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (Datar). Naissance de la mission Racine (aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon).
* 1965 -1983 : Philippe Lamour est maire de Ceillac (Hautes-Alpes).
* 1974 : Président du Conseil économique et social de la région Languedoc-Roussillon. Il fut aussi, notamment, président du comité des experts de la FAO (Nations Unies) et de l’ANDAFAR (Association nationale pour le développement de l’aménagement foncier agricole et rural).
* 1977 : Président fondateur du Parc du Queyras.
* 1980 : Publication de son récit autobiographique « Le cadran solaire ».
* 1989 : Publication d’un article dans Le Monde : « TGV et voie d’eau : même combat ».
* 1992 : Mort de Philippe Lamour.
* 2005 : Lancement du projet « Aqua domitia », qui prolonge l’œuvre de Philippe Lamour (réseau enterré) jusqu’à Narbonne.
Biblio :
- Jean-Robert Pitte "Philippe Lamour" (éd. Fayard)
- Jean-Louis Loubet del Bayle "Les non-conformistes des années 30" (éd. Seuil)
- Philippe Lamour, "60 millions de Français" (éd. Buchet/ Chastel)
- Philippe Lamour, "Le Cadran solaire", (rééd. Presses du Languedoc)
- Philippe Lamour, "Les Quatre vérités" (éd. Robert Laffont)
Histoire du village 2/4
Le mystérieux kibboutz de Pardailhan
Un documentaire de Séverine Liatard et Séverine Cassar
http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-histoire-du-village-24-2012-12-11
http://www.franceculture.fr/souvenirs-du-kibboutz-de-pardailhan
http://www.franceculture.fr/souvenirs-du-kibboutz-de-pardailhan
Au début des années 1960, un groupe de 80 Parisiens décide de faire renaître un village abandonné de l'Hérault pour y fonder un kibboutz. Ils s’installent à Pardailhan situé sur un plateau à 50 km de Béziers. La terre y est caillouteuse et le climat parfois rude. Vincent Thibout qui a visité Israël et séjourné deux ans dans un kibboutz parvient à convaincre ces familles du onzième arrondissement de Paris de transposer l'expérience collective israélienne en France. Ils quittent leur travail, vendent leurs biens pour fonder une communauté agricole égalitaire sans argent où chacun "travaille selon ses possibilités et obtient selon ses besoins". L'Assemblée générale décide de tout. Cette petite république est cimentée par une croyance qui mélange à la fois le jansénisme, le sionisme, le judaïsme et le socialisme.
Avec beaucoup de mal, ils parviennent notamment à cultiver des pommes de terre et élever un gigantesque poulailler. Les femmes se mettent à travailler pour une usine de confection à Paris et les hommes se font employer dans des petites industries de la région.
L'expérience s'achève au bout de trois ans. Les uns et les autres repartent avec semble-t-il un sentiment d'échec après avoir soldé leurs dettes. Aujourd'hui, les adultes ou les enfants de cette communauté avant « le temps des communautés » refusent de témoigner de ce passé.
En revanche, des habitants de Pardailhan d'hier et d'aujourd'hui - l'ancienne institutrice du kibboutz, le journaliste duMonde qui s'était rendu sur place à l'époque et Claude Gutmann, aujourd'hui écrivain, qui a fait un aller retour au kibboutz avec son père à l'âge de 15 ans - se souviennent de cette étrange communauté de Parisiens.
Avec les témoignages de Maurice Cauquil, Simone Fraisse, Maryvette et Elyan Robert, Pierre Donnadieu, Yves Casseville, Eva Faerber et Claude Shultz, Daniel Gerson et Claude Gutman
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