dimanche 22 décembre 2019

Histoire du verre



Notre collègue Franck DORY nous signale une manifestation consacrée à l'histoire du verre à Saint-André dans les Pyrénées Orientales. Toute personne intéressée trouvera plus de renseignements via le lien suivant : Université Populaire du Verre 2020.




L'APHG-LR profite de l'occasion pour souhaiter à tous d'excellentes fêtes de fin d'année et de bonnes vacances bien méritées !

jeudi 19 décembre 2019

Visite d'exposition à LATTES


Notre collègue Sébastien Cote a visité pour nous une belle exposition, visible au musée archéologique Henri Prades à Lattes jusqu'au 6 juillet prochain, intitulée L’aventure phocéenne, Grecs, Ibères et Gaulois en Méditerranée Nord-Occidentale. Il nous fait le compte-rendu de sa visite. Saluons la qualité de son travail, qui donnera envie, on n'en doute pas, à celles et ceux qui n'ont pas encore fait le déplacement d'aller voir cette exposition. 


Une exposition labellisée « Exposition d’intérêt national » est toujours un événement. Celle-ci ne déroge pas à la règle. Installée dans le musée Henri Prades, elle évoque l’histoire de la rencontre entre Grecs, Ibères et Gaulois en Méditerranée nord-occidentale  au cours du 1er millénaire avant notre ère. Les territoires situés entre les Alpes et les Pyrénées –y compris son versant méridional ibérique- ont été le théâtre de  partages, d’échanges, de conflits entre divers peuples.
L’exposition se parcourt en une à deux heures. Elle est composée de deux salles proposant des cartes, des panneaux multimédia interactifs, des vitrines d’objets, des synthèses thématiques. Un audio-guide est proposé gratuitement. Elle est organisée en 5 parties :
            -Les premiers contacts : navigateurs et terriens
            -Phocée et les établissements occidentaux
            -Commerce, échanges et lieux de rencontre
            -Contacts et transferts socio-culturels
            -Alliances, conflits et cohabitations
L’objet central est de suivre les Grecs partis de Phocée (Asie mineure) au VIIe siècle av. J.-C. vers la Méditerranée occidentale pour fonder des colonies parmi lesquelles Massalia (Marseille, vers 600), Emporion (Empuriés, vers 580),  et Alalia (Aléria, vers 565). Ils fonderont plus tard des établissements secondaires le long du littoral (Antipolis, Nikaia, Agathé…). Cette migration des Phocéens est renforcée après la prise de la ville par les Perses en 545 av. J.-C.
Comme tout nouvel établissement, les colons phocéens apportent avec eux des objets, des divinités, une langue et une écriture, un art de vivre (consommation de vin, banquet, pratiques sportives). Les interactions entre les Grecs et les peuples indigènes (Gaulois ou Ibères) sont un processus long et complexe que l’exposition nous propose de saisir au travers d’objets variés (vaisselle, statuaire, amphores, armes et bijoux, etc.). Les répercussions de ces contacts sont surtout connues pour les peuples locaux car l’impact sur les Grecs eux-mêmes reste encore mal identifié. L’exposition ne masque pas le caractère ponctuellement conflictuel de cette rencontre, attesté par des sites fortifiés nombreux construits par les Grecs et par le choix par Massalia d’une alliance avec Rome de longue durée à partir de l’arrivée des Romains dans cet espace. 
Pour les collègues d’histoire-géographie, cette exposition peut être utilisée dans le cadre du programme de 6ème, plus particulièrement dans le thème 2 où un chapitre doit être consacré au « monde des cités grecques ». Plusieurs objets sont utiles pour aborder l’expansion de la culture grecque autour de la Méditerranée (notamment la langue et l’écriture) ce qui permettra d’ancrer localement cette question pour des élèves.
Enfin, un petit cycle de conférence accompagne l’exposition, à 18h30 à l’auditorium du musée. Le 27 février une conférence sur « Le vase grec et ses usages » par Pierre Rouillard, le 19 mars « Les Phocéens chez les Celtes : circulation des produits et des hommes » par Dominique Garcia et le 14 mai « De la mer au continent : la construction du territoire de Marseille grecque » par Michel Bats.

Ostrakon avec abécédaire grec, Lattara, Lattes (Hérault), Céramique campanienne, 200-175 av. J.-C.

Atteste l’apprentissage de la langue grecque dans la région.


 
Photo 2
Râpe à fromage, Pech Maho, Sigean (Aude), IIIe siècle av. J.-C.
Cette râpe servait à râper du fromage dans le vin que l’on ne consommait pas pur. Cette pratique est attestée dans l’Iliade par exemple.

 




lundi 16 décembre 2019

Compte-rendu de conférence "Robert HERZ ou la trajectoire d'un officier pendant la guerre 14-18 : un cas de radicalisation patriotique", par les CPGE du lycée Henri IV 



La régionale de l'APHG est heureuse de publier le compte-rendu d'une conférence tenue, à l'invitation de notre collègue Laurent Soria, devant les élèves de CPGE du lycée Henri IV de Béziers par M. Nicolas MARIOT. Rappelons le fonctionnement de ces interventions : elles sont dédoublées, avec une présentation à la médiathèque de Béziers le vendredi soir, suivie par une autre le lendemain matin devant les CPGE dans les murs du lycée. Il a été rédigé par deux élèves, Alexandre ANGLES et Valentin VALETTE. Nous ne pouvons que les féliciter pour l'excellente facture de leur texte, réalisé alors que leur charge de travail est déjà fort lourde.




"L’enjeu de cette conférence donnée le Samedi 19 octobre 2019 au lycée Henri IV de Béziers, et de l’ouvrage intitulé Histoire d’un sacrifice : Robert, Alice et la guerre de Nicolas Mariot, est de comprendre le poids du consentement d’un intellectuel comme Robert Hertz pendant la Grande Guerre, et si se consentement peut être généralisé au reste des soldats. Pour cet exposé, Nicolas Mariot, à la lumière du parcours de Robert Hertz, nous invite à nous interroger sur un thème faisant écho à l’actualité : la radicalisation et ses ressorts familiaux.


Nicolas Mariot étudie une trajectoire individuelle, celle d'un normalien d’extraction bourgeoise, Robert Hertz, fils spirituel de Durkheim. D’un point de vue méthodologique, son enquête s’appuie sur sa correspondance, ainsi que sur des photographies qui permettent de saisir l’atmosphère particulière qui entoure l’engagement de Robert Hertz dans la guerre et qui le conduit à s’impliquer de façon toujours plus radicale dans celle-ci.


 


 La radicalisation de Robert Hertz semble être à l’image de ce paradoxe idéologique qui se dessine à la veille du conflit : les socialistes sont tiraillés entre les principes internationalistes, censés pousser vers le combat pour la paix des Hommes qui partageaient une position identique dans les rapports sociaux de production (le prolétariat international, qui souffrait de l’ensauvagement d’un capitalisme profondément inégalitaire) et ce nationalisme exalté, terreau sanglant de toutes les violences qui ne rapprochent les hommes que par la souffrance qu’elles génèrent. Robert Hertz s’engage dans la guerre en pensant le conflit à la lumière des canons de Valmy : « jamais je ne me suis senti si près des socialistes » (Alice à Robert, 22/09/1914) ; « la chaîne se renoue au bout de 120 ans » (Robert à Alice, 15/09/1914). C’est en donnant à celui qui allait être le premier conflit mondial cette dimension de combat pour la justice et la libération sociales que le normalien imprégné des idéaux républicains s’en va au front avec détermination : « je sens comme toi qu’il vaut mieux y aller carrément » (Alice à Robert, 22/08/1914). Robert Hertz se voit comme un acteur de l’histoire en marche, portant sur ses épaules l’honneur de sa patrie mais également de sa famille. En effet, il est le seul de la fratrie à monter au front, ses deux beaux-frères Mantoux et Gorodiche faisant figure d’embusqués, de même que son frère Jacques, tous trois médecins militaires à l’arrière. La trajectoire radicale de Robert Hertz s’explique également par le soutien irraisonnable de sa femme Alice, qui, isolée avec le reste de la famille dans le Finistère, conforte les décisions jusqu’au-boutistes de son mari et le rassure sur la nécessité de l’ultime sacrifice : « Il faut, en ce moment, mourir pour vivre » (Alice à Robert, 15/10/1914).


 


 Cependant, il est important de préciser que la radicalisation de Robert Hertz n’est pas linéaire, elle est clairsemée de doutes : « Aimée, m’approuves-tu, me comprends-tu ? Parfois, je me dis que c’est mal d’aspirer ainsi à quelque chose qui est contraire à mon devoir de vivre pour vous » (Robert à « Chère femme bien-aimée », 26/03/1915). Ne se sentant pas « parmi les heureux, les élus qui en ce moment sont engagés dans l’action et donnent leur vie » (31/08/1914), Robert Hertz quitte finalement le 44ème Régiment d’Infanterie Territorial, préservé des combats, pour rejoindre le 330ème Régiment d’Infanterie. Le normalien est à la fois complice et victime de son engagement qui ne permet plus aucun retour en arrière, et le voilà piégé et condamné par son jusqu’au-boutisme. Alice émet également des doutes mais renonce à les partager avec son mari, ce qui le conforte dans cette trajectoire sacrificielle. Il est fauché par les balles le 13 avril 1915, lors de sa première offensive.


Ce consentement total à la guerre est éminemment contextualisé, il s’explique en partie par l’origine juive de Robert Hertz qui entend prouver qu’il est français par le sang versé, lui que l’extrême droite considère uniquement comme « Français de papiers » à cause de l’origine juive-alsacienne de la famille. Il adhère « de tout cœur » aux idées de Barrès, souhaitant que « la France soit restaurée dans sa pureté spirituelle et morale […] par le sacrifice sanglant de ses enfants » (Lettre à Alice, 22/03/1915). Au cours de sa radicalisation il se détourne de la lecture du New Statesman, journal qui selon lui est trop modéré dans son soutien à la guerre, et prend l’habitude de lire les éditoriaux de Barrès, le rossignol des tranchées, publiés dans L’Echo de Paris. Dans le même temps il s’éloigne de Durkheim qui incarne à ses yeux le « pas assez ». Durkheim est bien conscient de cette dérive puisque dans une lettre adressée à Mauss et datée du 14/12/1915 il déclare que Hertz avait « des développements sur la régénération de la France qui [sentaient] le Barrès », il parlait « de Barrès avec des réserves de droit, mais par endroit avec sympathie ».


Nicolas Mariot dans cet ouvrage nous propose de dépasser la thèse de Stéphane Audouin-Rouzeau qui explique la violence de ce conflit par le consentement unanime des soldats et le développement d’une « culture de guerre ».


Pour Nicolas Mariot, la culture de guerre est attestée dans les seuls écrits d’intellectuels écrivains dont la portée générale est à relativiser. Les différentes trajectoires sociales des soldats doivent être prises en compte dans le rapport des Hommes avec la guerre. Si Robert Hertz nous semble être le parfait exemple du consentement, sa correspondance témoigne elle-même de la dissonance qui règne entre son expérience guerrière et celle de ses subordonnés, qui s’exclament : « Il est incroyable, cet Hertz, il ne trouve pas le temps long, on dirait que c’est le plus beau moment de sa vie » (25/09/1914). En outre, Hertz ressent lui-même que la position des autres soldats face à la guerre est radicalement différente de la sienne : « Chiffert, homme de devoir mais technicien pur, ingénieur positif, ne voyait dans le guerre qu’une corvée maudite, une perte effroyable de vies et de biens et de temps qui aurait sans doute pu être évitée » (Robert sur son compagnon Chiffert du 44ème RIT, 16/12/1914).


Ainsi, ces remarques appuient la thèse de Nicolas Mariot selon laquelle les soldats ordinaires ont été nettement moins enclins à prendre des risques et à s’exposer au nom de la patrie que certains intellectuels, comme Robert Hertz, dont le surinvestissement est dû à une adhésion zélée à la liturgie républicaine et à la spécificité de son parcours. D’un point de vue méthodologique cette conférence nous invite à penser la validité de la généralisation du cas particulier de Robert Hertz. Mais cette question peut s’appliquer à l’ensemble des sciences qui appuient leurs démonstrations sur des observations empiriques."

Nicolas MARIOT à la médiathèque de Béziers, le 18 octobre.


 

mardi 10 décembre 2019






L'APHG-LR représentée au national à Paris les 30 novembre et 1er décembre derniers



Notre collègue Jean-Marc Capdet a représenté notre régionale avec Franck Dory lors de la dernière réunion des instances nationales. Elle a eu lieu dans le cadre prestigieux du château de Vincennes, siège du Service Historique de la Défense (SHD). Il nous en ramène des photos et le texte qui les accompagne. Nous les remercions tous deux vivement de leur engagement au service de notre association.




L’APHG … de la Sorbonne au château de Vincennes…

 

Deux journées motivantes, enrichissantes, captivantes et prometteuses….en un mot, parfaitement associatives.

 

De sincères remerciements et de réelles félicitations pour tous les organisateurs réunis autour de Franck Collard, d’un président très impliqué et particulièrement clairvoyant. Une mention « très bien » aussi pour le Service Historique des Armées qui a accueilli les nombreux participants avec notamment des documents exceptionnels. Les commissions « collège », « lycée » et « post-bac » ont recueilli de nombreux témoignages et formulé des propositions. Dimanche matin, avant un délicieux déjeuner, dans un cadre exceptionnel, les responsables nationaux ont dressé un bilan particulièrement encourageant et défini des projets ambitieux. Retenons la signature d’une convention par le Service Historique des Armées et l’APHG. Durant ces deux journées, l’Association des professeurs d’Histoire et de Géographie a prouvé qu’elle était « une grande structure innovante » capable de préserver des principes et des valeurs exemplaires.