jeudi 18 avril 2019

Conférence de Philippe Lacombrade à Sortie-Ouest



Si l'histoire du sport ne fut longtemps pas un sujet universitaire, elle est incontestablement, avec Philippe Lacombrade, un sujet vivant. Vivant et méridional, faut-il le préciser, en entendant notre collègue et en observant sa gestuelle. C'est la moindre des choses pour le rugby, peut-on répondre.
Pourtant, l'identification de ce sport avec le Sud-Ouest n'a longtemps rien eu d'évident. Entre 1892 et 1914, les clubs finalistes du championnat de France sont généralement parisiens, pour un sport qui reste l'apanage des enfants de l'élite sociale qui fréquente alors les lycées. C'est par les établissements scolaires qu'il s'installe en Occitanie, et d'abord à Montpellier entre 1890 et 1895. Il ne perce vraiment à Béziers qu'en 1911, avec l'argent des négociants en vin et l'achat du terrain de Sauclières par la compagnie de chemins de fer du Midi. C'est dans l'entre-deux-guerres qu'il se répand et s'implante durablement dans les villages où il commence à se démocratiser. Il en devient d'ailleurs si violent que les Anglais refusent de jouer face aux Français entre 1931 et 1940. Les équipes méridionales s'imposant alors dans le championnat national, avec Toulouse, Perpignan ou Narbonne, c'est à ce moment-là qu'il devient un marqueur identitaire régional. Le rugby à XIII se forme avec des joueurs radiés du XV pour professionnalisme, souvent issus de milieux plus populaires. Le régime de Vichy casse son essor en l'interdisant, même s'il est rétabli à la Libération.
Après la guerre, le rugby méridional domine totalement la scène nationale, avec une succession de cycles mettant en valeur successivement des équipes dotées d'une forte identité de jeu : Lourdes et son style très mobile dans les années 1950, puis le Grand Béziers des années 1970-1980, avec une équipe à la fois très puissante et très offensive, en avance sur son temps dans la préparation et où les joueurs prennent beaucoup de décisions. Enfin, les années 1990 et 2000 voient le sacre de Toulouse et d'un jeu lui aussi très mobile. Depuis 1995 et l'arrivée du professionnalisme, beaucoup de clubs sont exclus du haut du tableau faute de moyens financiers, et ceux qui se maintiennent s'appuient sur un industriel qui les finance, comme Pierre Fabre pour le C.O.. Le recrutement international a largement uniformisé les styles de jeu.
En résumé, ce fut une magnifique soirée, dont les participants se souviendront longtemps, avec la présence d'anciennes gloires, parmi lesquels Richard Astre, le demi de mêlée du Grand Béziers, immense champion et homme d'une grande simplicité, dont la pertinence de l'intervention a marqué les esprits. Nos amis de Sortie-Ouest ont été une fois de plus remarquables, et nous avons convenu de reconduire l'expérience avec eux pour la saison 2019-2020.







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