samedi 5 octobre 2019

GUY PERVILLE A SORTIE-OUEST





Dimanche 29 septembre, le grand historien Guy Pervillé, est venu à l’invitation de l’APHG-LR présenter son dernier ouvrage, Une Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire, chez nos amis et partenaires de Sortie-Ouest. Dans ce lieu magnifique qu’est l’ancienne chapelle du domaine de Bayssan, on a ainsi pu entendre le fruit des réflexions d’un homme qui a passé cinquante ans de sa vie à étudier la guerre d’Algérie.


Sur les événements à proprement parler, il souligne simplement l’absence de projet à long terme, notamment sous la IIIème République, avec comme principal résultat de laisser face à face deux groupes humains sans aucune perspective commune.


Surtout, il présente le rôle des mémoires différentes dans la construction de récits qui se veulent historiques, mais qui sont d’abord des plaidoyers pro-domo où le passé est toujours interprété à l’aune du présent, produisant un effet de complot totalement fallacieux. L’Etat algérien a produit une mémoire lisant à l’envers certains événements et exagérant considérablement tous les bilans humains pour une revendication de repentance « pathologique », comme le dit G. Pervillé, et de culpabilisation de l’ancien colonisateur. Pire, on observe que cette demande s’est faite très forte juste après l’adoption de lois d’amnistie pour la guerre civile des années 1990. Il fallait les faire oublier et solidariser la société contre l’ancien ennemi. Cette mémoire, très partiale, a été diffusée en France à partir de la fin des années 1990.


Elle a pu s’implanter d’autant plus facilement qu’en France l’Etat n’a pas produit de récit d’un conflit que beaucoup souhaitaient certainement oublier le plus vite possible. Cela a laissé le champ libre à des mémoires particulières qui n’ont fait que perpétuer, pour des raisons différentes, le souvenir des haines passées. Elles l’ont fait avec des méthodes d’ailleurs voisines, instrumentalisant et sélectionnant les informations dans le sens qui leur convenait. Contrairement à la légende entretenue par les nostalgiques de l’Algérie française, la plupart des gens touchés par des tirs lors de la manifestation du 24 janvier 1960 l’ont été par des activistes, et non par les gendarmes mobiles.


Au final, Guy Pervillé rappelle combien le devoir d’Histoire doit primer sur les mémoires, quelle que soit la difficulté pour un historien, et il est bien placé pour en parler, de s’abstraire des pressions émanant des différents groupes. A ce titre, il a énoncé des remarques qui ne peuvent que guider l’enseignant d’Histoire dans sa réflexion comme dans sa pratique de classe sur la construction d’un récit historique. On ne peut que le remercier encore d’être venu partager sa longue pratique de spécialiste de la guerre d’Algérie avec nous.



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