« Nous pensions avoir atteint le pire et il n’en est rien. » Après l’effroi et la sidération, nous nous sommes réunis dans nos établissements scolaires pour dire notre désarroi, notre colère et notre détermination et trouver les mots justes.
Notre désarroi car nous sommes en deuil…
Trois ans après Samuel Paty, un autre de nos collègues a été assassiné vendredi dernier. La barbarie du terrorisme islamiste a tué un professeur d’humanités, Dominique Bernard. En ces instants, toutes nos pensées vont à sa famille, à ses proches, à ses collègues et à ses élèves. Nous leur adressons toute notre compassion et tout notre soutien ainsi qu’à ceux qui ont été blessés au cours de l’attaque : un professeur d’EPS, un agent technique et un agent de sécurité de la Région. Aucune parole ne pouvant être à la hauteur de l’événement, nous nous sommes d’abord tus. Un silence collectif et solidaire. Un silence assourdissant.
Nous sommes en colère…
Bien des questions surgissent dans les salles de professeurs, au premier rang desquelles celle de la protection de l’école, de ses élèves et des enseignants. Loin des catéchismes et des discours martiaux, ce que veulent les professeurs, c’est que le respect si souvent brandi et proclamé devienne réalité, que les personnels soient considérés et protégés face aux remous du monde. Depuis vendredi, nous demandons à chacun de s’abstenir de toute instrumentalisation et de respecter le deuil d’une communauté éducative meurtrie.
Mais nous sommes déterminés.
En la mémoire de Dominique Bernard comme en celle de Samuel Paty, nous continuerons d’être des professeurs, malgré tout, du mieux que nous pouvons et dignement. L’assassin cherchait, semble-t-il, un professeur d’histoire. Alors, lui et tous les autres fanatiques nous trouveront sur leur route, avec nos valeurs, nos principes et nos armes pacifiques : la raison, l’argumentation la démonstration scientifique. Et toujours avec notre volonté de former des esprits libres dans la complexité du monde.
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