Jamais la mémoire n’a été si présente dans l’actualité
historique. Ces deux dernières années en ont été une illustration
flagrante.
Il y eut bien sûr les commémorations du centenaire de la Première Guerre
mondiale, du 70ème anniversaire de la Libération et de la fin de la
Seconde Guerre mondiale, qui ont rythmé notre vie depuis 2014.
Mais il y eut aussi ces terribles attentats qui ont atteint la
France au cœur, en janvier comme en novembre 2015. Or qu’a-t-on
constaté ? Des Français qui, en réaction, ont mobilisé les valeurs
héritées de la Révolution française et de la Résistance. Des passants
qui ont jonché les lieux des massacres des traces individuelles de leur
mémorialisation : les fleurs, les bougies, les mots griffonnés sur un
bout de papier. Comme si le geste qui commémore, en général collectif,
devenait une démultiplication de gestes individuels.
Tout cela montre que la mémoire est dans l’histoire, qu’elle n’est pas
figée, qu’elle soit individuelle ou collective. Voilà pourquoi il faut
convoquer des spécialistes de toutes disciplines, bien sûr des
historiens ou des muséologues, mais aussi des neuroscientifiques ou
encore des écrivains. C’est le sens des premières journées d’études
qu’organise le Mémorial du Camp de Rivesaltes. N’y avait-il pas lieu
mieux choisi pour évoquer ces questions alors même que des mémoires
multiples sont ici convoquées, que des histoires diverses qui façonnent
la France d’aujourd’hui sont ici racontées ?
Denis Peschanski, Président du Conseil scientifique du Mémorial
Rappeler que la mémoire est dans l’histoire, qu’elle est au cœur
de l’apprentissage de la citoyenneté, que l’enfouir ou la nier constitue
un réel danger pour la démocratie, revêt au Mémorial du Camp de
Rivesaltes une résonance toute particulière, et constitue l’axe central
de son projet.
Il ne s’agit pas seulement de transmettre la connaissance de ce qui
s’est passé sur ce lieu et des problématiques qui en découlent aux plus
larges publics possible, et tout particulièrement aux publics jeunes. Il
s’agit de mettre l’histoire dont il témoigne en perspective pour
pouvoir regarder et comprendre ce qui nous effraie aujourd’hui, et être
capable de poser des repères de sens, d’intelligence et de sensibilité
face à la complexité d’un monde toujours plus aveugle.
Le croisement des regards et des expertises scientifiques élargis à
l’ensemble des sciences humaines et des sciences dites « dures », le
questionnement des artistes et la transposition symbolique qu’ils nous
offrent du monde sont essentiels à faire de ce Mémorial un lieu de
pensée, d’humanisme et de résistance.
Et nul doute que ces premières journées d’étude y contribueront.
Agnès Sajaloli, directrice du Mémorial
Programme
Lundi 20 juin
Après-midi
« Mémoire I : la construction de l’Histoire »
Président de séance : Nicolas Marty
13H30-14H : Introduction par Denis Peschanski et Agnès Sajaloli
14H-14H30 : Geneviève Dreyfus-Armand :
L’exil espagnol : de l’histoire à la mémoire
14H30-15H : Pause
15H30-16H : Abderahmen Moumen:
La difficile construction de la mémoire du groupe social harki
16H-16H30 : Thierry Duclerc : La participation de l’Institution scolaire à la politique de mémoire en France
16H30-17H30 : Table ronde par Denis Peschanski
Soir
18H30-20H : Nuit du Mémorial avec
Lydie Salvayre
Mardi 21 juin
Matin
« Mémoire II : une élaboration individuelle »
Présidente de séance : Anne Grynberg
9H30-10H : Thomas Fontaine:
Le témoin historien
10H-10H30- : Lydie Salvayre:
L’écriture fictionnelle face à la mémoire
10H30-11H : Francis Eustache:
Les mémoires et le cerveau
11H-11H30 Pause
11H30-12H30 : Jacques Walter :
Témoigner, une carrière ?
Après-midi
« Mémoire III : le rôle des mémoriaux»
Président de séance : Jacques Fredj
13H30-14H : Brigitte Sion :
Mémoires à l’international
14H-14H30 : Jacqueline Eidelmann :
Quels publics pour les mémoriaux?
14H30-15H : Agnès Sajaloli:
Mémoire et témoignage au Mémorial du Camp de Rivesaltes
15H-16H : Table ronde et conclusion des travaux par Denis Peschanski
lundi 20 juin 2016
mercredi 15 juin 2016
L’APHG Languedoc-Roussillon en visite au mémorial de Rivesaltes
L’APHG Languedoc-Roussillon en visite au mémorial de
Rivesaltes
A l’initiative du bureau régional
et de son président Richard Vassakos, une visite formative du mémorial de Rivesaltes
s’est déroulée le 11 juin. Jean Philippe Coullomb, secrétaire de la régionale
avait fait diligence pour diffuser l’information et c’est un groupe d’une
vingtaine de professeurs qui se donnait rendez-vous en terre catalane en ce
samedi matin. Accueillis par Mme Agnès Sajaloli, directrice du mémorial, les
collègues ont pu effectuer une visite en trois temps. Mme Sajaloli a d’abord
fait une présentation stimulante retraçant à la fois la genèse du mémorial, l’architecture
de Rudy Ricciotti et l’histoire générale du camp. Une visite libre de du mémorial
a permis ensuite aux collègues de découvrir la scénographie mise en œuvre sous
la direction scientifique de de Denis Peschanski. Les visiteurs se retrouvèrent
ensuite dans l’auditorium où madame Sajaloli présenta les différents scénarios
pédagogiques qu’il était possible de mettre en œuvre en coopération avec le service
éducatif du mémorial qui s’adresse aux classes du primaire et du secondaire
dans le domaine de l’histoire et de l’histoire des arts. D’ailleurs, passant de
l’exposé aux actes, Agnès Sajaloli se livrait à la lecture musicalisée d’extrait
du Journal de Friedel Bohny-Reiter, infirmière suisse du camp en 1941-1942.
Enfin, un échange particulièrement émouvant eut lieu entre les enseignants et
un ancien interné espagnol du camp, Antonio de la Fuente. La visite des
baraques du camp se fit ensuite librement selon un parcours prédéfini par le mémorial.
En cette terre de rugby, on n’échappe pas à un moment de convivialité partagé
et grâce à Franck Dory, représentant de l’APHG dans les PO, une bonne partie du
groupe s’est retrouvée autour d’un verre de muscat de Rivesaltes et d’un
excellent repas dans un domaine voisin pour conclure la journée.
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