mardi 29 novembre 2016

Mémoire et manuels scolaires 30 novembre-10 décembre Pierresvives Archives départementales de l'Hérault

Les archives départementales de l'Hérault organisent un colloque sur le thème de la mémoire du 30 novembre au 10 décembre. Un programme très dense, avec des intervenants internationaux.
Présentation du Programme 13-Novembre
Par Isabelle Chaudieu (INSERM-Montpellier)
Jeudi 8 décembre 20h30-22h 
Amphithéâtre- pierresvives
Liste des conférences
« Les différents types de mémoire et comment les protéger »
Par le Pr Jacques Touchon (Montpellier 1 – CHU)
Mercredi 30 novembre 18h – 19h45 
Le Gazette Café à Montpellier
 
 « Mémoire et histoire»
Par Denis Peschanski (Directeur de recherches au CNRS, directeur scientifique du mémorial de Rivesaltes)
Jeudi 8 décembre 10h30-11h30
Amphithéâtre- pierresvives
 
«Neurodéveloppement et apprentissage, quelles sont les applications pédagogiques possibles 
Par Bérengère Guillery-Girard  (Unité INSERM – EPHE – Université de Caen)
Jeudi 8 décembre 11h30-12h30
Amphithéâtre- pierresvives
 
Table ronde « Lieux de mémoire des manuels  scolaires »
Animée  par Pierre Boutan (Université Montpellier 3)
Participants : Delphine Campagnolle, Marcus Otto et Rainer Riemenschneider
Jeudi 8 décembre 14h-15h15
Amphithéâtre- pierresvives
 
«Débats mémoriels et enseignement actuel de l’histoire à partir de l’exemple italien»
Par Antonio Brusa (Université de Bari – Italie)
Jeudi 8 décembre 15h30-16h 
Amphithéâtre- pierresvives
 
«École, manuel scolaire et mémoire. Au cœur de l’« écosystème » d’apprentissage de l’histoire »
Par Jocelyn Létourneau (Université de Laval – Québec, Canada)
Jeudi 8 décembre 16h-16h30 
Amphithéâtre- pierresvives
 
«Manuels scolaires et patrimonialisation de la littérature »
Par Nathalie Denizot (Université Cergy-Pontoise) 
Jeudi 8 décembre 16h30-17h 
Amphithéâtre- pierresvives
 
«L’importance des dimensions sensorielles et motrices sur les apprentissages et la mémoire »
Par Denis Brouillet (Université Montpellier 3)
Vendredi 9 décembre 9h30-10h00
Amphithéâtre- pierresvives
 
« La mémoire dans les manuels scolaires de biologie »
Par Pierre Clément (Université Lyon I)
Vendredi 9 décembre 10h00-10h30
Amphithéâtre- pierresvives
 
«Quelle place pour les activités de mémorisation dans l'apprentissage du français langue étrangère : un éclairage historique »
Par Bruno Maurer (Dipralang, Université Montpellier 3)
Vendredi 9 décembre 10h45-11h00
Amphithéâtre- pierresvives
 
«La mémorisation et la géographie scolaire»
Par Jean-Pierre Chevalier (Université Cergy-Pontoise)
Vendredi 9 décembre 11h15-11h45
Amphithéâtre- pierresvives
 
«Evolution temporelle des manuels et mémoire didactique en mathématiques» 
Par Yves Matheron (Université Provence-Aix-Marseille 1)
Vendredi 9 décembre 11h45-12h15
Amphithéâtre- pierresvives
 
«La condition postcoloniale des manuels scolaires ? Décolonisation, politiques de mémoire et crises de la représentation en France»
Par Marcus Otto (Georg-Eckert-Institut - Allemagne)
Vendredi 9 décembre 14h-14h30h 
Amphithéâtre- pierresvives
 
«Les mémoires de la guerre d’Algérie dans les manuels scolaires, à travers l’exemple des harkis »
Par Abderahmen Moumen (chercheur associé au CRHISM de l'
université de Perpignan)
Vendredi 9 décembre 14h30-15h
Amphithéâtre- pierresvives
 
«Comment les manuels contribuent-ils à la constitution d’une mémoire collective ?»
Par Yveline Fumat (Université Montpellier 3) 
Vendredi 9 décembre 15h-15h30 
Amphithéâtre- pierresvives
 
 «Nouveaux manuels, mémoire et inégalités scolaires »
Par  Elisabeth Bautier (Université Paris 8 Saint-Denis) 
Vendredi 9 décembre 15h30-16h 
Amphithéâtre- pierresvives
 
Conclusion scientifique du colloque
Par Michèle Verdelhan et Pierre Boutan (Université Montpellier 3) 
Vendredi 9 décembre 16h-16h30 
Amphithéâtre- pierresvives
Organisation et comité scientifique
 
Archives départementales de l’Hérault :
Sylvie Desachy, directrice, Annie Parmentier, Philippe Secondy, Carole Renard.
Equipes de recherche :
Michèle Verdelhan (Université Paul Valéry de Montpellier), Pierre Boutan (les Amis de la Mémoire pédagogique), Bruno Maurer (laboratoire Dipralang Université Montpellier 3), Rainer Riemenschneider (Georg-Eckert-Institut de Braunschweig), Denis Brouillet (laboratoire Epsylon, Université Montpellier3), Pierre Clément (Université Aix-Marseille)
Adresse :
907 avenue du Professeur Blayac 34000 Montpellier

vendredi 25 novembre 2016

Non à l’instrumentalisation de l’Histoire par les politiques ! Tribune de l’APHG

 

Non à l’instrumentalisation de l’Histoire par les politiques ! Tribune de l’APHG

 
Dans une tribune publiée par France info, l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) répond au candidat à la primaire de la droite François Fillon, qui souhaite réécrire les programmes d’histoire comme « un récit national ».
Étrangement, à chaque campagne électorale, des candidats se penchent avec une dérangeante et inopportune sollicitude sur l’enseignement de l’histoire : programmes, méthodes pédagogiques font l’objet de déclarations à l’emporte-pièce, d’affirmations péremptoires, de références à un passé qui n’est plus d’actualité... d’autant plus malvenues que ces nouveaux procureurs n’ont la plupart du temps jamais lu les programmes (ceux de 2010 pas plus que ceux de 2015).
Cette méconnaissance profonde des questions enseignées, cette défiance permanente à l’égard de tous les professeurs d’histoire-géographie ignorent purement et simplement leur investissement auprès des élèves, le travail quotidien, les projets menés pour faire de nos disciplines une des clefs de la compréhension du monde. Former des citoyens nous oblige à l’objectivité et au développement du sens critique. Il est le premier rempart face aux prosélytismes de tous bords et aux entreprises de destruction d’une nation fondée sur la diversité, les principes qui nous rassemblent et l’adhésion à un projet commun.

Il n’y a que dans les États totalitaires et autoritaires qu’existe une histoire officielle, le plus souvent instrumentalisée à des fins politiques et idéologiques, quand elle n’est pas délibérément travestie et faussée.
La France, ses territoires, ses populations, ses régimes successifs, sont une construction progressive, un emboîtement de processus politiques, sociaux, économiques. Pas une création ex nihilo.
Enseigner son histoire, c’est toujours la relier au contexte général de chaque période, aux grands mouvements qui dépassent le seul cadre français. La France a certes une histoire mais n’est pas un isolat.
Nous avons à transmettre des savoirs structurés et clairs, afin de permettre à nos élèves de tous âges de se repérer dans le temps et l’espace, de comprendre les liens entre passé et présent.
L’historien fait œuvre d’honnêteté, de sincérité, d’humilité et de doute. Il réfléchit, archive, explore, recoupe, tâtonne avant d’écrire. L’histoire, comme la géographie, est une discipline scientifique.
On n’enseigne pas l’histoire en déformant les faits, en les présentant comme on aurait voulu qu’ils fussent. On enseigne une histoire « vraie » c’est-à-dire celle qui s’appuie sur les sources. Pas une histoire qui relèverait de l’invention ou du roman. Si récit il doit y avoir, il ne peut être que celui qui prend en compte tous les acteurs de cette histoire, et tous ses aspects, les moments où la France est du côté du progrès, comme celle des heures sombres. Apprendre le passé n’est pas le transformer.
Aucun professeur n’enseigne une histoire honteuse. Doit-on passer sous silence les parts d’ombre de notre histoire ? Aujourd’hui plus que jamais, notre métier réclame de la lucidité.
Nous laissons pour notre part la fiction aux romanciers, en demandant que l’histoire demeure de la compétence des historiens.
Pour le Bureau national de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie,
Christine Guimonnet [1] et Hubert Tison [2]
Cette Tribune a été publiée le 25 novembre 2015 sur © France info ici

25 novembre, 18h30 auditorium du Musée Fabre, rencontre avec Edwy Plenel

Rencontre avec Edwy Plenel pour Voyage en terres d'espoir, auditorium du musée Fabre, 25 novembre, 18h30

Edwy Plenel est le fondateur du site d’information indépendant Mediapart et ancien journaliste du Monde.Dans son dernier ouvrage Voyage en terres d'espoir il sort de l’oubli les itinéraires militants étonnants ou remarquables de rebelles et de résistants à l’ordre établi. Voyage en terres d'espoir est un vibrant hommage au monument de l'histoire qu'est le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier fondé et dirigé par Jean Maitron puis aujourd'hui par Claude Pennetier. Grâce à ce fameux Maitron dont le dernier volume paraît en décembre, Edwy Plenel  nous emmène d’une biographie à l’autre, d’un lieu emblématique à l’autre, rappelant ainsi les sources de ces combats présents et passés. Son Voyage en terres d’espoir, aux éditions de l'Atelier, "enchante l’espérance".

 Voyage en terres d’espoir, aux éditions de l'Atelier, 25€

jeudi 3 novembre 2016

Jean-Clément MARTIN, Robespierre, la fabrication d’un monstre, une recension de Jean-Philippe Coullomb

Jean-Clément MARTIN, Robespierre, la fabrication d’un monstre, Perrin, Paris 2016, 367 pages.


Après ses synthèses difficilement lisibles sur la Révolution, on avait quelque raison de craindre le pire en voyant un ouvrage signé par Jean-Clément Martin sur un de ses grands acteurs. Disons-le tout de go, on avait tort. L’auteur a retrouvé la méthode qui avait fait son succès dans l’étude de la révolte vendéenne : il est parti du présent pour déconstruire un mythe et montrer la part de contingence qui existe dans un destin resté célèbre pour de mauvaises raisons. C’est ce qu’indique le sous-titre de son ouvrage même si le choix de rédaction a ensuite été celui d’une biographie classique.
L’auteur a le mérite de nous éviter un de ces portraits psychologiques mal assurés dans lequel on voit surtout le reflet des angoisses de notre temps et nous découvrons le parcours d’un jeune bourgeois à talent d’Arras, guère différent de celui de beaucoup d’autres en France à la même époque. Capable d’ironie, sa notoriété locale lui vient surtout de la qualité littéraire de ses plaidoiries. Il profite du doublement du Tiers pour se faire élire aux états généraux au printemps 1789. S’il participe aux événements de l’été 1789, il reste à l’écart des différents comités qui par exemple proposent un redécoupage du pays, mais il commence vraiment à faire parler de lui à l’automne à propos des débats sur la future constitution. D’évidence peu sensible à la question de l’égalité politique pour les femmes comme à celle de l’esclavage, il se drape dans une posture faite de discours comme le montre bien sa formule préférée « Il faut établir le principe que », tout en dénonçant le pouvoir exécutif et de multiples complots depuis sa position de président des jacobins. Hostile au maintien du roi après la fuite de Varennes, il fait cependant allégeance à la nouvelle constitution.
Ses positions sont par la suite fluctuantes et pas toujours évidentes à suivre, car la tactique politique impose ses règles. Pour la guerre en novembre 1791, il s’affirme contre un mois plus tard. Refusant de se dire républicain car les Brissotins le font, il demande la déchéance du roi en juillet 1792. Contre la peine de mort pour les membres de la Nation saine, il justifie les massacres de septembre et il compte des amis parmi les gens impliqués dans ce carnage. Elu à la Convention par les Parisiens sur lesquels il a incontestablement de l’influence, il appelle fin mai 1793 à l’extermination de tous les ennemis du peuple. Après l’élimination des Girondins, il entre au Comité de Salut Public en juillet 1793 tout en s’alliant tactiquement avec les hébertistes et la Commune de Paris.
Il utilise dès lors son pouvoir, qui n’est jamais total, pour tenter d’arriver à une situation d’équilibre. Il se retourne donc contre les hébertistes et rejette la déchristianisation complète voulue alors par Fouché par exemple, avant de cibler Danton et les « Indulgents ». Pour mieux contrôler la situation, il renforce la centralisation et laisse Carnot réorganiser l’armée même s’il s’en méfie. Se faisant, il multiplie ses ennemis sur tous les bords et il a la maladresse de beaucoup menacer en employant des formules comme « les hommes coupables craignent toujours de voir tomber leurs semblables ». Les conventionnels choisissent alors de se débarrasser de lui.
Ce faisant, les thermidoriens créent le personnage du monstre sanguinaire pour mieux s’en démarquer par une politique différente. C’est à ce moment-là, le 18 thermidor, donc a posteriori, que la loi entérine la formule « la Terreur est à l’ordre du jour » pour sa période de gouvernement. Robespierre quitte le monde des humains pour entrer dans celui des héros d’un romantisme noir et devenir l’archétype du chef révolutionnaire, qu’on l’adule ou qu’on le déteste.
Cet ouvrage est donc un bel ouvrage, qui donne à voir un homme en son temps et qui nous fait réfléchir sur les découpages et les étiquetages de cette historiographie classique qui constitue toujours notre base de réflexion intellectuelle et pédagogique. Une franche réussite, donc.