samedi 19 décembre 2020

Le nouveau Napoléon III, par Jean Sagnes et Christina Egli

 


Les éditions Du Mont, à Cazouls-lès-Béziers, éditent habituellement Monsieur Jean Sagnes, ancien président de l’université de Perpignan. Ici, le spécialiste de l’histoire politique contemporaine s’est associé à Christina Egli, la conservatrice du château d’Arenenberg en Suisse ; en tout voici la dernière biographie du dernier empereur des Français.

La première partie, due à M. Sagnes, n’est pas une vita exhaustive, par un historien militant du genre biographique, mais plutôt une suite de regards nouveaux et surprenants, sur un personnage qu’on croit bien connaître. M. Sagnes explique que contre toute attente, c’est l’histoire du mouvement ouvrier qui l’a d’abord mené jusqu’à Napoléon III. Celui-ci avait droit à sa notice dans le Maitron, le dictionnaire du mouvement ouvrier français. M. Sagnes avait constaté avec étonnement que la résistance au coup d’état du 2 décembre 1851, dans l’Hérault notamment, n’émanait pas des socialistes, mais des radicaux et des républicains modérés. Comme si les socialistes avaient reconnu en Bonaparte l’un des leurs. L’historien libéral Guizot s’était exclamé le 2 décembre : « C’est le triomphe définitif et complet du socialisme ! » ce que Karl Marx n’avait pas démenti dans son livre sur la question, pas plus d’ailleurs que Proudhon.

La première partie est consacrée au quatrième livre de L.-N. Bonaparte, publié en 1844, « L’extinction du paupérisme », un véritable manifeste socialiste dont M. Sagnes rappelle qu’il a été le premier éditeur critique, en 2006. Bonaparte se rattache alors au courant saint-simonien du socialisme français. Pour eux, il est essentiel d’améliorer la condition ouvrière et paysanne. Aussi, dès 1832, il est partisan du suffrage universel, et ne changera pas d’avis.

Ensuite, M. Sagnes analyse les discours du prince-candidat, puis du prince-président de la deuxième République (1848). Il y retrouve le fil conducteur du saint-simonisme, avec toujours la condition des classes défavorisées en ligne de mire. Les chapitres suivants sont consacrés à son action au service des paysans, et M. Sagnes termine avec l’exemple de sa politique dans l’Hérault. Ce département, très hostile à Napoléon III lors du coup d’état, est l’objet de sa sollicitude ; il n’est pas rancunier et impulse, là aussi, le développement des chemins de fer, qui entrainera le boom de la vigne exportée. Le traité de libre-échange avec l’Angleterre est signé par un économiste saint-simonien, le sénateur Michel Chevalier, qui organise l’exposition universelle, et en même temps est le président du conseil général de l’Hérault.

Dans la seconde partie de l’ouvrage, Christina Egli dévoile une partie encore plus mal connue du personnage : sa jeunesse et sa formation, en exil en Suisse. Louis-Napoléon a ainsi comme précepteur Philippe Le Bas, le fils d’un ancien conventionnel jacobin, ami de Robespierre. Un autre est un polytechnicien d’origine suisse, spécialiste de l’artillerie, Dufour. Cette partie se compose d’une très riche iconographie, inédite, issue des collections du château d’Arenenberg, qui illustre toute la vie de la famille impériale, depuis la jeunesse de Louis-Napoléon jusqu’à la fin tragique de son fils unique.

L’ouvrage est à commander aux éditions Du Mont, 2 rue Augereau, 34370 Cazouls-les-Béziers.

editionsdumont@wanadoo.fr

 

François Waag

 

 

lundi 14 décembre 2020

Les membres de la régionale écrivent

 La régionale Languedoc-Roussillon peut s'enorgueillir de compter des collègues qui fournissent régulièrement des contributions au national.

Richard Vassakos vient ainsi de réaliser une interview Fatima Besnaci-Lancou, auteure d'un ouvrage sur les harkis au camp de Rivesaltes, disponible sur le site national ici :

 Harkis au camp de Rivesaltes. La relégation des familles. Septembre 1962-décembre 1964 (Editions Loubatières, 2019) - Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie (aphg.fr)

La lecture de cette interview fait ressortir tout l'intérêt de cet ouvrage, qui permet de déconstruire des légendes tout en faisant apparaître les limites d'un accueil qui se fit dans l'urgence.

 

Jean-Marc Capdet vient de fournir un article sur les "clusters" dans le dernier numéro d'Historiens et Géographes.

Bravo et merci à eux pour la qualité de leur travail !

 

 

dimanche 13 décembre 2020

Lecture au coin du feu : Jean-Paul Demoule, Aux origines, l'archéologie

 


Jean-Paul DEMOULE, Aux origines, l’archéologie. Une science au cœur des grands débats de notre temps, La Découverte, Paris 2020, 334 pages.

 

Ancien président de l’Inrap, Jean-Paul Demoule est connu pour ses nombreux ouvrages, notamment sur les découvertes archéologiques réalisées récemment. Ecrits dans un langage simple et clair, ils rendent accessibles à tout un chacun nombre de connaissances remettant en cause nos idées sur les périodes passées depuis le néolithique. Nous retrouvons ici ses qualités dans un livre à la fois engagé et argumenté sur notre monde et sur la place que l’archéologie y tient. Engagé, il l’est à deux titres : l’auteur ne cache nullement ses sympathies et ses antipathies idéologiques, et il prend la défense de cette discipline qu’il a tant illustrée, alors même qu’elle heurte bien souvent des intérêts économiques par les retards et les coûts qu’elle induit sur les chantiers.

Si on peut donc parfaitement ne pas partager tous les points de vue exprimés par J.-P. Demoule, le croisement de ces deux engagements apporte effectivement des éclairages instructifs. Il s’en prend ainsi à l’instrumentalisation de l’Histoire et de l’archéologie à des fins politiques, en particulier durant la présidence de Nicolas Sarkozy, pour relever à quel point les élus de la majorité d’alors, toujours prompts à défendre une vision très identitaire de l’histoire du pays, ont toujours été les premiers à demander une révision à la baisse des interventions des archéologues, considérant qu’ils limitaient par trop la liberté d’aménager et de gagner de l’argent. C’est sous Jacques Chirac que fut votée une loi permettant la création d’un secteur commercial dans l’archéologie, sur le modèle anglo-saxon. Facilité par le dogme libéral défendu dans les instances européennes, cela a abouti à avoir des entreprises surtout soucieuses de rentabilité, qu’elles n’atteignent qu’en proposant aux aménageurs une pratique superficielle et peu efficace de leur discipline. Demoule donne l’exemple du chantier du canal Seine - Nord - Europe : là où les méthodes de ces structures privées n’ont révélé que deux sites à explorer, la méthode par tranchée, utilisée par l’Inrap, a permis d’en trouver douze. On imagine les destructions cautionnées par ce type de méthode « scientifique » utilisant uniquement des technologies modernes ! Incapables de repérer des marques légères telles que des traces de poteaux de bois, l’auteur suggère même qu’elles sont à l’origine de la faiblesse des découvertes outre-Manche. Amenant à un éclatement complet des circuits de la recherche, avec des méthodes incohérentes et l’absence de publication des résultats, elles se montrent néfastes à tous, hormis aux comptes en banque de leurs actionnaires.

La dernière partie du livre montre alors toutes les difficultés qu’il y a en France à obtenir une reconnaissance réelle du rôle et de l’importance de l’archéologie. Marquées par le mythe des origines gréco-romaines de notre univers culturel, les élites françaises n’ont jamais vu l’intérêt de la plupart des fouilles réalisées sur notre sol. L’auteur ne dit pas, mais c’est sans doute aussi vrai, que l’accent mis sur le latin et la culture purement livresque ont longtemps rabaissé l’archéologie au rang d’une modeste « science auxiliaire », y compris pour les historiens de métier. L’Inrap reste donc une structure récente, apparue seulement en 2001, et qui s’est immédiatement heurtée à des intérêts économiques puissants. Des deux ministères qui en ont la tutelle, celui de la Culture et celui de la Recherche, le second ne s’en est absolument jamais préoccupé, allant jusqu’à nier l’aspect scientifique de l’archéologie, au prétexte qu’elle n’emploie que 10 % de docteurs. Il ne l’a jamais financée. Dans ces conditions, les rapports de la Cour des Comptes ou de l’Inspection Générale des Finances, toujours critiques envers la dépense du moindre argent public et vantant la soi-disant meilleure gestion par le privé, n’ont pu que multiplier les reproches envers l’Inrap, sans apporter le moindre début de solution. La présidence de Hollande fut celle des rapports, toujours édulcorés et s’enchaînant de façon à  repousser l’obligation de régler ce problème, tandis que l’archéologie fut toujours la première victime des « chocs de simplification »  et autres suppression de « petites taxes ». La loi de 2016, qui est issue de cette situation, n’entérine donc qu’un seul progrès réel : la propriété publique des découvertes sur un terrain donné, et encore uniquement à partir du moment où il change de propriétaire.

Cet ensemble pourrait sembler bien décourageant, mais l’auteur finit sur une note optimiste : les phases de très fortes inégalités, comme celle que nous connaissons, finissent toujours par se terminer, comme le montre une archéologie qui passionne les Français. Tôt ou tard, la demande sociale ne pourra pas être ignorée.

 

Jean-Philippe Coullomb

 

lundi 30 novembre 2020

La conférence de Fabien Oppermann est disponible

 L'APHG-LR informe ceux que cela intéresse que la conférence de M. Oppermann à Montpellier, le 14 octobre dernier, sur les usages du patrimoine à travers le cas de Versailles, est disponible en cliquant sur le lien suivant :

https://www.youtube.com/watch?v=UKw2YBJXKi8&feature=youtu.be

On ne saurait trop souligner le rôle de nos collègues D. Chalabi et S. Cote, qui ont organisé cette belle soirée, avec le concours et le beau travail de S. Dupont, qui s'est occupé de tous les aspects techniques. On peut y associer sans réserve Mme Rivière, IPR bien connue dans notre région, dont l'aide a été précieuse dans la diffusion de l'information. Cette soirée n'aurait simplement pas existé sans eux. Qu'ils en soient chaleureusement remerciés.

dimanche 29 novembre 2020

Journée de la laïcité

 

Le national de l'APHG organise quatre conférences sur la laïcité pour la journée du 9 décembre, avec Isabelle Saint-Martin, Rainer Bendick, Ismail Ferhat et Matthieu Lahaye. 

Le programme est en ligne et je vous insère en pièce jointe les affiches des différentes interventions. 

Isabelle Saint-Martin fera un rappel historique très succinct et traitera surtout de l'enseignement des faits religieux dans un cadre laïc, Rainer Bendick nous parlera de la laïcité vue d'Allemagne et de la perception de celle-ci outre Rhin, Ismaël Ferhat reviendra sur les grandes lois laïques et le sens de ce projet scolaire, Matthieu Lahaye qui travaille sur la neutralité nous parlera de celle-ci et aimera pouvoir discuter avec des enseignants de cas très concrets qui surgissent parfois dans nos classes et peuvent nous mettre en difficulté.
Voici les liens pour les documents correspondant. 

 
 

samedi 14 novembre 2020

Belle soirée le 14 octobre dernier...

 En ces temps de confinement, où il n'est pas possible de se réunir, il nous reste des souvenirs. Heureusement, grâce à nos collègues S. Dupont, D. Chalabi et S. Cote, nous avons pu en accumuler d'excellents lors de la soirée du 14 octobre dernier à Montpellier. Nous recevions F. Oppermann, en présence de notre IPR Mme Rivière. La rencontre fut en tous points passionnante et se prolongea agréablement au restaurant. Rappelons qu'ils étaient encore ouverts !

L'intervenant nous a régalé en nous parlant des usages de Versailles lors des deux derniers siècles. Il a multiplié les anecdotes savoureuses, nous apprenant que c'est de Gaulle qui a fait électrifier la Galerie des Glaces pour recevoir les Kennedy, ou encore en nous présentant les aménagements sportifs réalisés sur la demande de Michel Rocard au Pavillon de la Lanterne, loin de tout souci de préservation du cadre. Il a évidemment eu un grand succès en racontant l'échec de l'invitation faite par F. Mitterrand à Ronald Reagan de venir faire un tour en bateau sur le Grand Canal lors du un sommet du G7. Les services de sécurité américains s'y sont opposés après avoir sondé ledit canal de fond en comble, bien qu'ils n'y aient pas trouvé le moindre danger. Le jour où la sortie en bateau aurait dû avoir lieu et avait été remplacée par une promenade à pied, Reagan resta dans sa chambre se reposer, ce qui fit regretter à Mme Thatcher l'annulation de la sortie nautique. 

Plus généralement, ce fut une source de réflexion sur le devenir d'un lieu qui reste comme un emblème du pouvoir dans ce qu'il a de plus absolu. Il n'est pas indifférent que la République en ait encore parfois l'usage pour les réunions du Parlement en Congrès. Faut-il voir un transfert de la sacralité du pouvoir monarchique aux chefs d'entreprise, quand le président Macron les y réunit, pour ne rien dire du cas de Carlos Ghosn ? 

Remercions encore les organisateurs et M. Oppermann de cette belle soirée, qui, on l'espère encore, ne sera pas la dernière de la saison 2020-2021 pour l'APHG-LR !







mercredi 4 novembre 2020

Elections américaines

 L'actualité du jour nous ramène à notre conférence à Montpellier, le 3 octobre, avec M. Ricaud, avant le confinement, organisée et filmée par notre collègue Stéphane Dupont.

Vous trouverez ici la vidéo et le son de cette soirée au Gazette-Café via le lien suivant :

https://www.youtube.com/watch?v=vl6QMqu0On0&feature=share&fbclid=IwAR3JtkBo1oPR3rAP9JA1t3VVh6oCqNevH6gfEICn4ctU0p0AUuJB1BopFnU

 

Encore merci à lui !

mardi 3 novembre 2020

On nous signale...


Les rencontres d'archéologie de la Narbonnaise se feront en dématérialisé, confinement oblige. Les collègues intéressés devraient donc y avoir accès de chez eux. Qu'on se le dise !

mardi 27 octobre 2020

Le CHRD signale

 Le CHRD de Castelnau-le-Lez nous signale une exposition à venir à partir du 2/11 sur le couple que formaient le général de Gaulle et Konrad Adenauer. En lien avec cet événement, une projection du discours de de Gaulle à la jeunesse allemande aura lieu le mercredi 4/11. Nul doute que cela intéressera nombre de collègues.


 

Pour rappel, voici les coordonnées de CHRD :

 crhrd<at>cegetel.net ou au 04 67 14 27 45. Adresse postale : 1 place de la Liberté, 34 170 Castelnau-Le-Lez, (accès en Tramway : ligne 2 de la TAM – Station Charles de Gaulle)

samedi 17 octobre 2020

APPEL A SE RASSEMBLER

L'APHG-LR appelle ses adhérents et ses sympathisants à participer aux rassemblements en hommage à notre collègue Samuel Paty, assassiné à Conflans-Sainte-Honorine.

Rassemblement en hommage à notre collègue en région aujourd'hui 18/10 :

 
Béziers, 15 h sous-préfecture
Carcassonne, 17h portail des jacobins
Narbonne, 17h place de la mairie
Mende, 15h place Urbain V
Montpellier, 15h préfecture
Perpignan, 15h préfecture

Conflans-Sainte-Honorine

 

Notre profession, et singulièrement notre corporation des professeurs d'histoire-géographie-EMC, a été frappée dans sa chair hier soir. Notre collègue Samuel Paty a été sauvagement et lâchement assassiné par un terroriste fanatique et obscurantiste se réclamant de l'idéologie islamiste. Nous exprimons ici toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches. Nous voulons également dire tout notre soutien et toute notre sympathie pour la communauté éducative du collège de Conflans-Sainte-Honorine.

Au delà de l'effroi, de la sidération et de la tristesse, nous souhaitons également affirmer notre détermination à ne rien céder sur les valeurs et les principes qui fondent notre République et notre école. Nous ne transigerons pas sur celles-ci et nous continuerons de les défendre dans nos enseignements. Notre mission est de former des citoyens libres, émancipés, capable d'esprit critique. C'est pour s'être acquitté de ce devoir que notre collègue a été assassiné. A l'heure où toutes les récupérations et instrumentalisations de ce drame horrible sont déjà à l’œuvre nous en appelons à la dignité, à l'unité et au recueillement en hommage à Samuel Paty.

 

L'APHG-LR

samedi 10 octobre 2020

Fabien OPPERMANN à Montpellier le 14 octobre à l'invitation de l'APHG-LR


En ces temps d'incertitudes liées à la pandémie, l'APHG-LR organise une conférence à Montpellier, au théâtre Gérard-Philipe, avec M. Oppermann, Inspecteur Général, sur le thème des usages sociaux et politiques du patrimoine à travers le cas de Versailles. Ce thème intéressera particulièrement les collègues de Terminale. Nombre d'entre eux sont déjà inscrits. Encore une belle soirée en perspective !


samedi 3 octobre 2020

Les membres de la régionale écrivent

 Un retard dans la livraison du dernier numéro de notre revue, le 451, nous a empêché de signaler que trois de nos collègues de la régionale y ont participé.

Richard Vassakos y signe une tribune sur les statues et les dénominations des rues, Jean-Marc Capdet un article sur la géographie et la Covid 19, et Dalila Chalabi une contribution sur le gouvernement du Languedoc.

On ne peut que les féliciter pour leur travail et leur dire à tous un grand bravo !



mardi 29 septembre 2020

Programmation 2020-2021



Nous sommes heureux de vous présenter notre programme pour la saison 2020-2021. Vous le constaterez, il est riche. En cette période de pandémie, il est aussi soumis à des aléas, et il nous faut d'ores et déjà faire une croix sur la première conférence de la saison prévue à Béziers, celle de M. Freddy Vinet sur la grippe espagnole de 1918. Par ailleurs, nous allons tout de même essayer d'enrichir encore cette programmation si cela s'avère possible.


Programmation 2020-2021 :


 


A Béziers, Scène de Bayssan :


_Freddy VINET, « La grande grippe de 1918 », le 14 octobre 2020 à 18 h 30


_Jean-Paul DEMOULE, « Aux origines, l’archéologie », le 18 novembre 2020 à 18 h 30


_Jean-Charles JAUFFRET, « La Méditerranée, ce qui nous unit », 2 février 2021 à 18 h 30


_Christian AMALVI, « Les lieux de mémoire du Midi », 10 mars 2021 à 18 h 30


_Philippe SECONDY, « La fabrique d’un collabo », 14 avril 2021 à 18 h 30.


 


A Montpellier, au Gazette Café :


_Raphaël RICAUD, « Géopolitique de Trump », 3 octobre 2020 à 20 h


_Alban GAUTIER, « L’alimentation au Moyen-Age », 27 mars 2021 à 20 h


 


A Montpellier, au théâtre Gérard Philippe :


_Fabien OPPERMANN, « Les usages sociaux et politiques du patrimoine : les usages de Versailles de l’Empire à nos jours », 14 octobre 2020 à 18 h


 


A Montpellier, au lycée Joffre :


_Soirée Géopolitique le 7 mai 2021 à partir de 18 h 30 avec Boris JAMES sur « La question kurde » et Nicolas MARTY sur « La question catalane »


 






samedi 19 septembre 2020

CONFERENCE DE RENTREE

En ce temps troublés et incertains, l'APHG-LR est heureuse de vous annoncer la tenue d'une première conférence cette année. Elle aura lieu à Montpellier le 3 octobre prochain à 20 h, au Gazette-Café, si la situation sanitaire le permet évidemment, et portera sur le président Trump. L'intervenant sera M. Raphaël RICAUD, maître de conférences à l'Université Paul-Valéry, spécialiste de l'histoire et de la civilisation des Etats-Unis. Vous accèderez au visuel en cliquant sur le lien suivant :

https://drive.google.com/file/d/1J4APQ-Jyq8zI8fHkJ-rb8w2qTmKChA31/view?usp=sharing

Sachez que nombre d'autres sont prévues, et vous en recevrez prochainement la liste. Vous aurez l'occasion de le constater, la programmation sera riche et marquée par le développement de nos actions sur Montpellier.

En attendant le plaisir de vous retrouver, prenez soin de vous et de vos proches. Et rappelez-vous que la javel et les UV ne sont que rarement recommandés pour se prémunir de la Covid.


dimanche 6 septembre 2020

Notre collègue F. Dory nous signale...

En cette période de rentrée, pour laquelle nous souhaitons un grand courage à tous,encore plus que d'habitude du fait de la situation sanitaire, notre collègue Franck Dory nous signale l'article suivant. C'est le compte-rendu de présentation d'un ouvrage collectif paru dans l'Indépendant de Perpignan le 4 septembre 2020. Lui-même a traité de l'époque pré-médiévale entre Tech et Albères. Bravo à lui pour son travail ! Il apporte encore une fois la preuve que les enseignants que nous sommes peuvent apporter leur contribution à la recherche pour mieux défendre et illustrer la place de nos disciplines dans la formation des jeunes.

dimanche 23 août 2020

Lecture d'été 2020 - 4 : L'Eglise dans l'Etat, de Catherine Maire


Catherine MAIRE, L’Eglise dans l’Etat. Politique et religion dans la France des Lumières, Gallimard, NRF, Paris 2019, 501 pages.

 

En France, dans le contexte actuel, la tendance sur le débat de la place respective de l’Etat et de l’Eglise est le plus souvent pris par son point d’arrivée, la loi de 1905, faisant suite au Concordat et à la Constitution Civile du Clergé. Un des grands mérites de Catherine Maire est d’offrir une vision des racines de ce débat dans le temps long du XVIIIème siècle. On se rend compte à la lire que rien n’est plus faux que d’imaginer une religion catholique intrinsèquement liée à une monarchie absolue et à l’abri des querelles du temps. Au contraire, les discussions sur la place qu’elle doit occuper reviennent régulièrement, depuis la querelle janséniste jusqu’à la place des ordres religieux dans la société, en passant par l’état civil des protestants. L’auteur nous présente ces querelles une par une, en faisant suivre chacune d’entre elle par une analyse de ce qu’en pense un des grands philosophes des Lumières. Disons-le tout de go, malgré des efforts louables, la lecture n’est pas toujours aisée à cause des concepts évoqués et de l’érudition sans faille de l’auteur. On peut s’y perdre un peu, et c’est parfois même ce qui arrive à l’auteur, lorsqu’elle présente tel ouvrage de Montesquieu sans jamais donner sa date exacte de publication. La richesse des thématiques abordées justifie cependant l’effort de lecture nécessaire.

Le premier débat, et au fond, il n’a jamais été clos durant la période évoquée, est celui du jansénisme. La volonté royale d’unité religieuse du royaume se heurte ici à un groupe indiscutablement catholique et très bien représenté chez les parlementaires. Le nœud du problème se trouve dans la déclaration royale de 1730, qui fait de la bulle Unigenitus, condamnant le jansénisme, une « loi de l’Eglise et de l’Etat ». Les parlementaires entretiennent alors une véritable guérilla au nom du gallicanisme, se faisant de meilleurs défenseurs de ce principe que le roi lui-même. Pour justifier le calme qu’il estime souhaitable, l’abbé de Saint-Pierre prône le silence et place le bien terrestre au-dessus des querelles théologiques. Eglise et Etat doivent collaborer pour atteindre le bonheur ici-bas.

Les rapports entre l’Eglise et l’Etat sont ensuite au centre d’un débat créé un nouvel impôt, le vingtième, en 1749, devant initialement peser sur l’ensemble des richesses du royaume, biens du clergé inclus. A une conception qui défend les notions de bien commun et d’utilité sociale, le haut clergé répond par une prétention à une légitimité supérieure à celle de la monarchie, du fait de son ancienneté. Le haut clergé, soutenu par les mises à l’index pontifical des opinions divergentes des siennes, prétend donc former un corps à part dans la société. Voltaire répond à cette prétention en affirmant l’unicité de l’autorité dans la personne du roi, face au fanatisme et à ce qu’il considère être un abus de pouvoir des ecclésiastiques, qui utilisent des armes spirituelles dans un débat temporel.

La querelle janséniste rebondit avec le refus des derniers sacrements à ceux qui refusent de reconnaître la bulle Unigenitus. Dans un monde où la valeur de ces rituels a une importance sociale, la chose ne passe pas. Les parlementaires argumentent que cela crée un schisme et place l’autorité de l’Etat au-dessous de celle des religieux. Les évêques répondent en invoquant l’ingérence étatique dans leur domaine. Le roi est très hésitant, exilant momentanément les parlementaires pour finir par déclarer lors d’un lit de justice en 1756 que la bulle Unigenitus cesse d’être une loi de l’Etat. Le résultat le plus clair est que la désacralisation de la monarchie se fait en son propre sein. Montesquieu, sans doute sollicité par le gouvernement pour calmer les esprits, émet l’idée qu’il faut absolument séparer le religieux du politique en rappelant leur but commun : le maintien de la paix dans le monde.

La confusion des ordres, religieux et politique, produit ses effets les plus visiblement néfastes à propos des protestants, chez qui les mariages ne sont pas reconnus puisqu’ils n’existent officiellement plus en France depuis 1685. L’impossibilité du sacrement religieux pour eux amène à s’interroger sur la nature du mariage. Le jeune Portalis explique qu’il repose d’abord sur le consentement des époux, et que l’Etat n’a pas à voir dans son aspect religieux. Il subordonne totalement le religieux au politique. Le débat n’est tranché que très tardivement, par l’édit de 1787, inspiré par Malesherbes, qui n’accorde a minima qu’une reconnaissance limitée à un état civil à ceux « qui ne sont pas catholiques ». Les évêques protestent d’ailleurs contre cette situation, qui les amène à unir administrativement des gens qui ne sont pas catholiques. D’un point de vue intellectuel, c’est à l’occasion de ce débat, dans les années 1760, que Rousseau en est venu à préciser ses conceptions, souhaitant une religion civile qui ne fasse qu’un avec l’Etat.

Les années 1760 sont également celles où l’on discute beaucoup d’un ordre religieux, celui des jésuites, perçus par les parlementaires comme une menace envers l’ordre politique en France du fait de leurs vœux. En même temps, des plaintes concernant des affaires sur les religieux les amènent à intervenir dans un domaine qui n’est en principe pas le leur. On apprend ainsi que les Mauristes de Saint-Germain-des-Prés ont lancé une procédure en 1765 pour avoir du gras et changer l’heure des matines. Des jésuites, finalement interdits en 1764, le débat rebondit donc sur l’utilité sociale des ordres monastiques, et partant, de l’ensemble des religieux. La liberté individuelle devient un argument des défenseurs des ordres, sous l’angle du choix des moines. C’est l’époque où le baron d’Holbach écrit ses ouvrages, indiquant que c’est au prince d’établir les mœurs et donc la morale d’où doit découler la religion, une religion acceptée dont les ministres sont élus par leurs fidèles. C’est une religion naturelle, qui prône la meilleure existence terrestre possible, et qui se doit donc d’être socialement utile.

La Constitution civile du Clergé a voulu clore ces débats par la prestation du serment et la suppression des ordres monastiques. Elle n’a fait que les relancer, et ils ont duré jusqu’en 1905. On l’a compris, sur un sujet complexe, Catherine Maire a produit un ouvrage qui donne à réfléchir et qui permet, au moins, d’enlever quelques œillères que l’on peut avoir lorsqu’on aborde ce thème qui reste d’actualité.


Jean-Philippe Coullomb