jeudi 19 novembre 2015

5 décembre 2015, Association Maitron Languedoc-Roussillon, Journée d’études de Perpignan: Mines et mineurs en Languedoc-Roussillon XIXème-XXIème siècle

                                                        Programme du 5 décembre 2015
                                               Association Maitron Languedoc-Roussillon
                                                            Journée d’études de Perpignan, 
                                                      Université de Perpignan-Via Domitia


__________________________________________________
                          MATIN  ( présidence de Raymond Huard)

À 9 h, OUVERTURE de la Journée par Richard Vassakos, président de l’Association.
    
Le patronat des mines et des forges au XIX° siècle    :
 - Lionel DUMOND :  Le patronat des bassins miniers de l’Hérault.
-  Nicolas MARTY : Rémy Jacomy, la reconversion d’un maître de forges du  Conflent en exploitant de mines de fer.
Aspects transversaux XIX° / XX° siècles :
  - Jean-Louis ESCUDIER, L’implication des femmes dans les houillères du Languedoc, 1890-1980
  - Ruben MOLINA, Le patrimone industriel du Canigou : mines et forges, présentation des fonds collectés, archives départementales et autres fonds.

   APRÈS-MIDI (présidence d'André Balent)
À partir de 13h30, Guerres et mines   :
    - Fabrice SUGIER :   Du relèvement moral à la Révolution nationale, les pouvoirs publics et la population minière dans le bassin alesien, 1939-1945.
  - Didier LAVRUT : Loger les mineurs algériens de La Grand-Combe : concurrence des acteurs et affrontements idéologiques, 1946-1954.
Vers la fin de l’exploitation minière :
   - Thierry BARTHOULOT : Les mineurs paysans ou la double activité dans le       bassin minier de Graissessac-Le Bousquet d'Orb.
   - Pierre SCHILL :   Mai 68, les « gueules noires » de l’Hérault et des Cévennes et les rejeux de l’identité minière.
CONCLUSION de la Journée par Nicolas Marty. Fin à 17h30.
__________________________________________________
   
Informations pratiques :
Lieu : Université-Universitat de Perpignan-Perpinyà-Via Domitia, 52, avenue Paul Alduy, 66100 – Perpignan
Contacts :
— AMLR (Association Maitron Languedoc-Roussillon) :
c/o, Hélène Chaubin, 32, rue Armand Jamot, 34 000 – Béziers

— CRHiSM (Centre de recherches historiques sur les sociétés méditerranéennes), Université de Perpignan Via-Domitia, 52, avenue Paul Alduy, 66100 – Perpignan

mercredi 11 novembre 2015

"JOE HILL" de Bo Widerberg

 "JOE HILL" de Bo Widerberg, prix spécial du Jury à Cannes en 1971, film autour de cette figure historique des luttes sociales aux États-Unis était resté invisible depuis. Il ressort en France le 18 novembre prochain grâce au distributeur Malavida Films dans une version entièrement restaurée.

Le cinéma Utopia à Montpellier va programmer le film en sortie nationale dès les 18 novembre, pendant au moins 2 semaines. Au vu des thèmes portés par le film et de sa qualité, il semble intéressant de vous proposer de le découvrir et de soutenir sa diffusion autour de vous, en communiquant auprès de vos contacts et réseaux. Mais aussi en proposant au cinéma qui le programme d'organiser une séance de ciné-débat en lien avec d'autres collectifs, ou d'y participer. D'autres cinémas que vous connaissez dans le département de l'Hérault pourraient aussi le programmer s'ils sont sollicités localement par des collectifs ou des associations.
JOE-HILL_Affiche-DEF_HD.jpg
En 1902, deux immigrants suédois, Joel et Paul Hillström, arrivent aux Etats-Unis. Ils doivent faire face aux amères réalités, une langue nouvelle et l'effroyable pauvreté qui règne dans les quartiers de l'East Side à New-York. Paul quitte la ville, Joel y reste, amoureux d'une jeune Italienne. Mais l'aventure est de courte durée. Rien ne le retenant à New-York, Joel, devenu Joe Hill, se met en route vers l'Ouest pour retrouver son frère. Au cours de son périple, il rencontre des membres du syndicat révolutionnaire pacifiste Industrial Workers of the World (IWW) et intègre leurs rangs...

Film événement et devenu culte, "JOE HILL" met en scène la biographie de ce jeune militant dont les chansons protestataires ont eu un impact énorme. Peu avant de mourir en novembre 1915, exécuté au terme d'un procès inique, il écrivait : "Don't mourn, organize ! Ne pleurez pas sur mon sort, organisez-vous !" Immigration, liberté d’expression, droits des travailleurs, condition pénitentiaire, police, justice, peine de mort, autant de questions essentielles posées par le film. La réponse de Joe est toujours humaine : il exige du pain, oui, mais aussi des roses. Car la beauté du film saisit ensemble le désir de justice et le désir de vie, bien plus fortement qu’aucun exposé didactique.

Bande-annonce du film : https://vimeo.com/141991913
La page du film sur le site du distributeur Malavida : http://www.malavidafilms.com/cinema/joehill
Dossier de présentation du film (4 pages de l'AFCAE) à télécharger : http://www.malavidafilms.com/download.php?id=320
Un extrait d'une séquence (avec la chanson "Pie in the sky") : https://vimeo.com/134731407

Le film "JOE HILL" est soutenu officiellement par la Ligue des Droits de l'Homme, par Ensemble contre la peine de mort, par la FIDH, par l'APHG, et par Les Amis du Monde diplomatique

lundi 9 novembre 2015

La nouvelle chronique cinéma d'Albert Montagne


Réjane-Hamus-Vallée et Caroline Renouard (dir.), Les métiers du cinéma à l’ère du numérique, CinémAction n° 155, Ed. Corlet, juin 2014, 192 p., 24 euros.

Comme la révolution du parlant avait bouleversé le cinéma muet, celle du numérique a profondément transformé le cinéma, métamorphosant des pans entiers du Septième art qui n’a plus rien à voir avec celui d’à peine une décennie. Les métiers du cinéma à l'ère du numérique est logiquement préfacé par Frédérique Bredin, présidente du CNC, tant les enjeux sont considérables. A la fois technologiques, esthétiques, économiques, professionnels, ils remettent en question tous Les métiers du cinéma, de la télévision et de l'audiovisuel (titre éponyme d'un CinémAction dirigé par René Prédal en 1990). Cette révolution silencieuse et systémique oppose des métiers de continuité et de rupture. Le premier chapitre, Filmer sans film ou les métiers du tournage numérique, souligne la sempiternelle magie du cinéma. Le directeur de la photo (Bérénice Bonhomme), passant de la pellicule au numérique, doit maîtriser sa caméra, travailler de pair avec le fabricant (Sony, Red, Arri), changer ses usages (utilisation de la cellule, étalonnage, contrôle de l'image), innover, expérimenter, d'où un regain d'intérêt. L’acteur numérique (Jean-Baptiste Massuet) est un mutant à l’ère de la performance capture : ses muscles enregistrés simulent un autre que lui qui devient secondaire. Le cinéma devient théâtre numérique séparant plus que jamais acteurs et spectateurs, désintégrant les corps. Où est la performance ? Que devient l’acteur ? Les ouvriers du numérique ou machinistes (R. Hamus-Vallée) nécessitent un nouveau matériel aux incessantes actualisations et des mises à niveaux par des formations souvent peu réalisées et vécues comme une perte de temps et d’argent. La caméra HD, plus fragile, sensible et imprévisible, a un équipement lourd et complet, considérable et coûteux, pour parer à tout. On passe d’un 12 m3 à un 35 m3. A contrario, la présence humaine rétrécit. Pis, tous les 6 mois, une nouvelle caméra, plus performante et complexe, sort, entraînant une surenchère de technique et de stress qui s’accélèrent : l’investissement du côté des techniciens, les bénéfices de celui des producteurs, multipliant les sensations de déséquilibre. Les cinéastes Olivier Nakache et Eric Toledano, interrogés par C. Renouard, donnent un précieux témoignage sur cette mutation. Pour Intouchables (2011), ils ont d’abord cherché à trouver un équilibre entre les avantages et inconvénients des deux technologies. La solution, étonnante, est un panachage : numérique en caméra Alexa pour les scènes de nuit, argentique en caméra 35 mm pour les scènes de jour. Avec Samba (2014), le côté hybride est impossible et le numérique s’impose. Les deux cinéastes réalisent avec Ana Antune - leur directrice de post-production, un métier devenu primordial - qu’ils ont vécu la fin de l’argentique. Autres métiers : le stéréographe (Pascal Martin) qui apporte du relief au film, passant de la projection 2D à la 3Ds, le photographe de film (l’ancien photographe de plateau)(Virginie Villemin) et le problème sempiternel des droits d’auteur, le scripte face au numérique (Olivier Caïra). Le second chapitre, La post production numérique, éclaire des métiers toujours plus nombreux : ingénieur du son (Alexandra Tilman, Jocelyn Robert et Pierre Bariaud), directeur de post-production (Kristian Feigelson), monteur, chef et assistant (Sébastien Denis), superviseur d’effets visuels (VFX)(R. Hamus-Vallée et C. Renouard), étalonneur/coloriste (C. Renouard), animateur 2D/3D (Sébastien Denis), infographiste (Panagiotis Kyriakoulakos). Le troisième chapitre, Diffuser autrement, égraine des métiers différents. La vidéo à la demande en France (Jean-Yves Bloch et Marianne Bloch-Robin) bouleverse la distribution et génère des métiers à haute technologie : administrateurs de réseaux, programmateurs, intégrateurs, web-designers, ergonomes. Si le projectionniste (Yannick Pourpour) est un métier en récession, l’automatisation renforçant sa « présence fantôme », l’archiviste numérique (Frédéric Rolland) et le restaurateur numérique (Emilie Leroux) deviennent des métiers essentiels. La promotion des films (Florian Lapôtre et C. Renouard) crée des réseaux sociaux (Facebook, Twitter), des sites et blogs cinéphiles, vitrines à part entière de films, cinéastes, genres, revues. En 2006, pour la première fois, les dépenses brutes de publicité sur internet dépassent celles des radios et salles de cinéma, le net devenant le troisième média de promotion des films sortant, d’où des métiers numériques nouveaux : attaché de presse, conseiller et stratège, développeur, graphiste, et l’émergence de blogueurs notables, sites phares, administrateurs de pages. Le critique numérique (Gilles Lyon-Caen) apparaît même. Enfin, la formation aux métiers du numérique (Frédéric Tablet) devient un enjeu majeur des universités et grandes écoles de cinéma. Une sélection exhaustive de sites internet d'associations, organisations et institutions professionnelles de cinéma et de l'audiovisuel et un glossaire conséquent concluent l'ensemble. Puisse ce livre éveiller des vocations ! 
Albert Montagne

Une recension de Jean-philippe Coullomb en rapport avec l'EMC : Eloge du blasphème de Caroline Fourest


Caroline FOUREST, Eloge du blasphème, Grasset, Paris 2015, 186 pages.


On connaît l’auteure, son joli minois qui fréquente assidument les plateaux de télévision, sa force de conviction qui confine parfois à l’imprécation religieuse, et on a entendu parler de ses approximations occasionnelles dans ses propos comme dans ses écrits. On retrouve dans ce livre écrit après les attentats de janvier dernier l’ancienne journaliste de Charlie Hebdo, avec sa pugnacité coutumière. Si elle ne résiste pas à la tentation de régler des comptes, par exemple avec Pascal Boniface (mais il est vrai que lui-même ne la ménage pas), elle a le mérite de porter le fer là où il le faut en montrant toutes les hypocrisies, depuis celles d’un clan Le Pen jusqu’à celles de beaucoup d’associations ou de groupes qui prétendent défendre les minorités mais qui ne font que basculer dans le communautarisme et finissent par justifier l’injustifiable. Des associations de défense des homosexuels, des mouvements antiracistes, des membres de formations historiquement athées comme le PCF (dont Charb était proche) ou des intellectuels comme Emmanuel Todd se succèdent ainsi sous sa plume. Et on comprend que c’est une certaine gauche, héritière de celle qui ne voulait pas désespérer Billancourt, qui la désole au-delà de tout par sa cécité plus ou moins volontaire devant les réalités.
Elle s’attaque ensuite à la sulfureuse notion d’islamophobie pour montrer sa vacuité et l’imposture intellectuelle qu’elle représente, puisqu’elle ne sert qu’à faire condamner comme racistes des propos qui sont simplement hostiles à une religion, en pratiquant la même essentialisation que l’extrême-droite ramenant les fidèles à leur culte. Elle montre le danger de la posture différentialiste des Anglo-Saxons, qui finissent par placer sur le même plan dans leur presse les victimes et leurs bourreaux. On ne peut que lui donner raison quand elle explique que l’absence de laïcité et de Charlie Hebdo antireligieux chez eux n’a pas empêché nombre de citoyens britanniques ou américains de se retrouver dans les camps djihadistes. Ce n’est qu’à la fin de son ouvrage qu’elle arrive à la question du blasphème, en soulignant qu’il n’est pas synonyme de haine, bien au contraire, mais d’émancipation d’un ordre religieux souvent pesant. Traditionnel en France depuis la Révolution puis l’Assiette au beurre, il reste poursuivi dans de nombreux Etats, parfois par la peine de mort.
On l’aura compris, c’est un petit ouvrage écrit en réaction, mais un ouvrage de combat, d’un combat dans lequel Caroline Fourest a choisi son camp, celui de la liberté de l’individu et de son droit à la dérision.