lundi 6 janvier 2014

Recension: 22 août 1914, le jour le plus meurtrier de l’histoire de France


 En cette année de commémoration, une recension transmise par notre collègue Jean Philippe Coullomb.

Jean-Michel STEG, 22 août 1914, le jour le plus meurtrier de l’histoire de France, Fayard, Paris 2013, 255 p.
Voici un petit ouvrage, écrit dans un style alerte par un disciple de Stéphane Audoin-Rouzeau, qui met utilement l’accent sur l’ampleur des pertes françaises au début de la Première Guerre Mondiale. A partir du cas de la bataille de Rossignol, petit village des Ardennes belges, J.-M. Steg décrit une armée française rigide dans son fonctionnement et inadaptée aux conditions rencontrées. Tant au niveau de la préparation que de l’engagement pratique au combat des troupes françaises, il met ainsi l’accent sur l’écart meurtrier entre les possibilités techniques des armes disponibles et les schémas mentaux d’une armée qui dataient des guerres napoléoniennes. La figure de Joffre sort passablement éreintée de cette lecture, que ce soit par l’amateurisme de son travail d’état-major ou par l’imprécision de ses ordres. Le pire tient cependant dans sa capacité à se défausser sur ses subordonnés et sur les prétendues faiblesses morales de certaines troupes, notamment celles issues du sud de la France. A Rossignol, c’est une division d’élite, formée de soldats de métier aguerris dans les colonies et recrutés souvent en Bretagne, qui est anéantie suite à des erreurs de jugement à tous les niveaux. En comparaison, l’armée allemande se montre plus souple et efficace au combat. L’auteur expose par contre longuement, en reprenant les travaux de John Horne et Alan Kramer, la violence exacerbée dont elle fait preuve face aux civils belges, en soulignant la difficulté à identifier l’origine de tirs à longue portée pour des soldats du début de la guerre. La hantise des francs-tireurs semble alors se matérialiser et aboutit en retour à des exactions sans nom mais codifiées dans la tradition militaire allemande et reprises jusqu’en 1945. Quelques annexes fort utiles, par exemple sur la répartition mensuelle des pertes françaises dans le conflit, complètent ce livre auquel manque cependant une table des archives utilisées.
Jean-Philippe Coullomb

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