GUY PERVILLE A SORTIE-OUEST
Dimanche 29 septembre,
le grand historien Guy Pervillé, est venu à l’invitation de l’APHG-LR présenter
son dernier ouvrage, Une Histoire
iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire, chez nos amis et
partenaires de Sortie-Ouest. Dans ce lieu magnifique qu’est l’ancienne chapelle
du domaine de Bayssan, on a ainsi pu entendre le fruit des réflexions d’un
homme qui a passé cinquante ans de sa vie à étudier la guerre d’Algérie.
Sur les événements à
proprement parler, il souligne simplement l’absence de projet à long terme,
notamment sous la IIIème République, avec comme principal résultat de laisser
face à face deux groupes humains sans aucune perspective commune.
Surtout, il présente le
rôle des mémoires différentes dans la construction de récits qui se veulent
historiques, mais qui sont d’abord des plaidoyers pro-domo où le passé est
toujours interprété à l’aune du présent, produisant un effet de complot
totalement fallacieux. L’Etat algérien a produit une mémoire lisant à l’envers
certains événements et exagérant considérablement tous les bilans humains pour
une revendication de repentance « pathologique », comme le dit G.
Pervillé, et de culpabilisation de l’ancien colonisateur. Pire, on observe que
cette demande s’est faite très forte juste après l’adoption de lois d’amnistie
pour la guerre civile des années 1990. Il fallait les faire oublier et
solidariser la société contre l’ancien ennemi. Cette mémoire, très partiale, a
été diffusée en France à partir de la fin des années 1990.
Elle a pu s’implanter
d’autant plus facilement qu’en France l’Etat n’a pas produit de récit d’un
conflit que beaucoup souhaitaient certainement oublier le plus vite possible.
Cela a laissé le champ libre à des mémoires particulières qui n’ont fait que
perpétuer, pour des raisons différentes, le souvenir des haines passées. Elles
l’ont fait avec des méthodes d’ailleurs voisines, instrumentalisant et
sélectionnant les informations dans le sens qui leur convenait. Contrairement à
la légende entretenue par les nostalgiques de l’Algérie française, la plupart
des gens touchés par des tirs lors de la manifestation du 24 janvier 1960 l’ont
été par des activistes, et non par les gendarmes mobiles.
Au final, Guy Pervillé rappelle
combien le devoir d’Histoire doit primer sur les mémoires, quelle que soit la
difficulté pour un historien, et il est bien placé pour en parler, de
s’abstraire des pressions émanant des différents groupes. A ce titre, il a
énoncé des remarques qui ne peuvent que guider l’enseignant d’Histoire dans sa
réflexion comme dans sa pratique de classe sur la construction d’un récit
historique. On ne peut que le remercier encore d’être venu partager sa longue
pratique de spécialiste de la guerre d’Algérie avec nous.
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