Jean-Marc LE PAGE, La bombe atomique, de Hiroshima à Trump, Passés Composés, Paris 2021, 319 pages.
Parmi les risques placés en surplomb au-dessus de notre monde, le risque nucléaire n’a pas disparu, même s’il semble moins prégnant qu’aux pires moments de la Guerre froide, et le livre de J.-M. Le Page est une occasion de se pencher à nouveau sur lui. Spécialiste de la guerre d’Indochine et de la Guerre froide en Asie, l’auteur nous offre ici un petit résumé, suivant un plan chronologique, des moments de tension aux cours desquels l’usage de l’arme nucléaire put être évoqué.
De la guerre de Corée jusqu’aux crises autour du nucléaire iranien, on a ainsi un rappel d’une collection de moments de tension, sous la forme de chapitres courts (une vingtaine de pages), qui ont nourri de fortes inquiétudes. Sauf pour l’épisode de Cuba, on sort d’ailleurs plutôt rassuré de cette lecture. Souvent mise en avant, la menace atomique fut et reste intégrée dans un fonctionnement de gesticulation, menaçante certes, mais où la rationalité contrôle et domine les événements. Aucun des Etats concernés n’a jamais vraiment voulu d’un recours à l’apocalypse, car ses intérêts vitaux n’étaient pas en jeu. A ce titre, Le Page fait un sort au ton alarmiste d’un documentaire comme celui qui a popularisé l’exercice de l’OTAN Able Archer en 1983. Le risque, s’il y en eut un, venait plutôt de la médiocrité des services d’alerte soviétiques, source d’angoisse pour les dirigeants du Kremlin. Même en Corée du Nord, l’arme atomique est utilisée de façon très rationnelle, comme élément de chantage et assurance-vie d’un régime qui n’a essentiellement pas envie de céder le pouvoir. Le risque de l’accident ou du bug, popularisé par le film « Wargames », semble avoir été pratiquement plus dangereux, car il s’est produit, et il aurait bien pu échapper à tout contrôle. L’amélioration constante des procédures le rend cependant bien moins plausible actuellement, au moins pour les superpuissances.
Mise au point simple et facile à lire, cet ouvrage pourra être recommandé à des lycéens qui s’intéressent à ce sujet, et il constituera sans nul doute un bon achat pour un CDI. S’il intègre un glossaire et un index bien utiles, il devra cependant être complété par une cartographie sérieuse.
Jean-Philippe Coullomb
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