mardi 5 novembre 2013

Chronique d'Albert Montagne:René Prédal, Histoire du cinéma français des origines à nos jours

Un nouvelle chronique de notre collègue Albert Montagne



René Prédal, Histoire du cinéma français des origines à nos jours 
Nouveau Monde Ed., septembre 2013, 460 p. 

L'Histoire du cinéma français a déjà été écrite par Jean-Pierre Jeancolas (Nathan, 1995, petit format et bon résumé), Maurice Bessy et Raymont Chirat (Pygmalion, 1997, en 5 grands tomes surabondamment illustrés), Claude Beylie (Larousse, 2000, excellent ouvrage collectif), mais René Prédal, professeur émérite d’études cinématographiques, est Le spécialiste du cinéma français. Il a écrit Le cinéma de Costa-Gavras (Cerf, 1985), Jean-Pierre Mocky (Lherminier, 1988), Louis Malle (Edilig, 1989), Jean-Claude Carrière scénariste, l’art de raconter des histoires (Cerf, 1994), Jean Rouch ou le ciné-plaisir(Corlet/Télérama, 1998), Jacques Doillon, trafic et topologie des sentiments (Cerf, 2003), Robbe-Grillet cinéaste (P.U. de Caen, 2005), Le Cinéma à Nice, histoire de la Victorine en 50 films (Productions de Monte-Carlo, 2006)... Surtout, il a publié sur la seule histoire du cinéma français : La société française à travers le cinéma (1914-1945)(Armand Colin, 1972), Le cinéma français contemporain (Cerf, 1984), Le cinéma français depuis 1945 (Nathan, 1991), 50 ans de cinéma français (1945-1995) (Nathan, 1996), Le jeune cinéma français (Nathan, 2002)... Cette nouvelle Histoire du cinéma français, des origines à nos jours, est donc la synthèse et la quintessence de plus de 40 ans de travail. C’est dire la maîtrise du sujet ! La présente histoire est divisée en quatre parties : L’art muet, Le cinéma parlant (1929-1959), Les Trente glorieuses du cinéma moderne, 1992... et le cinéma d’auteur. Cette dernière partie est assurément la plus méconnue et passionnante. Le cinéma français, connu pour être un cinéma d’auteur (contrairement au cinéma étasunien, plus enfantin, qui « cartoon » aux blockbusters), traverse un monde technologique qui s’accélère. Les années 90 connaissent une déferlante de jeunes cinéastes : François Dupeyron, Eric Rochant, Christian Vincent, Cyril Collard, Arnaud Desplechin, Cédric Kahn, Xavier Beauvois, Bruno Dumont, Jean-Paul Civeyrac, Eric Zonca, Philippe Grandrieux, François Ozon, Laëtitia Masson, Noémie Lvovsky, et, électron à part, Robert Guédiguian au cinéma social. De nombreux auteurs, toujours actifs, sont âgés. Des 80 ans : J. Rouch, E. Rohmer, Ch. Marker, A. Resnais, A. Robbe-Grillet. Des 70 ans : J. Rivette, A. Varda, M. Pialat, Cl. Chabrol, C. Costa-Gavras, A. Cavalier, M. Delville, J.-L. Godard, J.-P. Mocky, P. Vecciali, J.-M. Straub... Des 50-55 ans : A. Téchiné, B. Tavernier, A. Corneau, J. Doillon, C. Lelouch, R. Depardon, C. Miller, P. Garrel... Les années 2000 brillent avec Mia Hansen-Love, Pascale Ferran, Nicole Garcia, Claire Denis, Pascal Thomas, Olivier Assayas, Bruno Dumont, Philippe Loiret, Jérôme Bonnell, Christophe Honoré, Bertrand Bonello, Laurent Cantet... Des améliorations et découvertes techniques favorisent la survie de la création avec l’arrivée du DV et, surtout, la révolution numérique qui permet une mobilité inégalée et une liberté technique et financière. La pellicule filmique, amenée à disparaître (comme la « photographique »), pose la question du renouvellement du cinéma (et du matériel des salles, tant publiques que des festivals). Déjà fiction et documentaire évoluent, matériel de tournage et équipe technique se réduisent. Le cinéma doit s’adapter et inventer un nouveau langage. Si le cinéma français produit de bons films, le bon cinéma de création est menacé par le système de l’avance sur recettes du CNC qui engendre un cinéma de chambre, au petit budget. N’est pas Mocky qui veut ! Enfin, le fait que les revues de cinéma aient toutes leurs pages DVD, tant en films récents que nouveaux, montre bien que l’actualité cinématographique se partage entre oeuvres patrimoniales – restaurées ou pas – et créations contemporaines, et, surtout, consacre un concurrentiel cinéma du petit écran, qui est une deuxième vie pour certains films (et parfois, une première). Une chronologie des premiers longs métrages des principaux réalisateurs actuels du jeune cinéma français (de 1980 à 2005), 1.000 films français pour une cinémathèque idéale, un Indexdes films et cinéastes et une Table des matières concluent le tout !
Albert Montagne

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