mardi 26 janvier 2021

Histoire des pandémies dans l'Hérault

 Le numéro 55 d'Etudes héraultaises vient de sortir. Il est largement consacré à l'histoire des épidémies dans le département de l'Hérault. Rappelons pour ceux qui ne connaissent pas cette publication qu'il s'agit d'une très belle revue dont on ne peut que conseiller la lecture. On trouvera dans cette livraison des contributions venant notamment de Jean Sagnes et de Freddy Vinet.

Voici le sommaire du numéro 55 :

Floriana BARDONESCHI : Instantanés photographiques chez les Blayac - François Blayac et Joséphine Chauvain se marient le 9 janvier 1905 à Montpellier. C’est juste après que commence le reportage photographique que François va mener de la naissance de son premier fils jusqu’au passage à l’âge adulte de ses trois enfants à l’orée de 1940. À travers l'objectif, il livre des instantanés de l’intimité de sa famille, un panorama visuel des activités de son groupe familial et un aperçu d’événements historiques plus ou moins locaux. Que racontent ces clichés de sa vie et en quoi sa pratique est-elle liée à une certaine représentation sociale ?... (13 pages)

 Rafaël HYACINTHE : L’hôpital Saint-Charles de Sète de 1778 à 1786 - La collecte par les Archives départementales de l’Hérault d’un registre ignoré des délibérations de l’hôpital Saint-Charles de Sète met à la disposition des chercheurs une documentation inédite. Ce registre concerne les années 1778 à 1786. Il montre la reprise en main d’une activité hospitalière balbutiante, comprenant le renouvellement du personnel soignant, médical et religieux de l’hôpital. Il s’agit d’un épisode méconnu de l’histoire locale du port. Agrémenté de plusieurs pistes de recherche, cet article fait le point sur l’insertion de cet établissement dans le cadre professionnel, social et spirituel de ses habitants peu avant la Révolution française... (18 pages)

 Michel-Édouard BELLET : De l’épidémie et de ses fléaux On connaît plusieurs grandes épidémies dans l’histoire. Toutes sont dites « pestes », toutes ne le sont pas mais le terme de « fièvres pestilentielles » recouvre plusieurs réalités morbides. Parmi les plus connues, on cite aisément Thucydide et la peste d’Athènes puis la peste dite de « Justinien » au VIe siècle, la grande peste noire beaucoup plus tard au XIVe siècle et celle de Marseille en 1720 qui atteint l’arrière-pays et jusqu’au Gévaudan. Le bacille de la peste n’est identifié qu’à la fin du XIX  siècle ! C’est la découverte de Yersin, qui s’inscrit dans la suite des travaux de Pasteur. Jusqu’à cette date, les hommes en ont acquis des connaissances empiriques mais sans jamais comprendre le mécanisme. Au cours de ce même XIXe siècle, c’est le choléra qui fait des ravages particulièrement en France entre 1832 et 1833. La plus célèbre victime reste le Président du conseil Casimir Perrier décédé dans l’exercice de ses fonctions. ...(6 pages)

 Dr Louis DULIEU † : La peste à Montpellier (Réédition) Jusqu’au XVIIe siècle, on appelait peste toutes sortes de maladies qui frappaient massivement les populations. Les archives montpelliéraines révèlent un nombre impressionnant de désastres épidémiques entre 1287 et 1641. Malgré les mesures d’éloignement et de protection prises, la population a payé un très lourd tribut à ces événements sanitaires. Si la religion portait ses espoirs dans l’intervention de saints protecteurs, quelques édiles locaux ont pris des mesures prophylactiques efficaces. Au début du XVIIIe siècle, le corps médical, dans ses avis de désinfection de la ville et de défense de ses habitants, n’a pas su écouter l’un des siens, le professeur Antoine Deidier, dont les expériences démontraient la transmission de la peste par inoculation. Ce professeur, accompagné de plusieurs médecins montpelliérains, a participé à l’éradication de la peste à Marseille au cours de l’année 1720-1721. ...(8 pages)

 Fleur BEAUVIEUX Nicolas VIDONI : Dispositifs de contrôle, police et résistances pendant la peste de 1720 L’épisode de peste de 1720 a constitué dans le royaume de France un évènement exceptionnel. Il a induit des dispositifs de contrôle et de police eux aussi exceptionnels. Mais ils ont pris des aspects particuliers en fonction de la situation sanitaire des villes. Les cas de Marseille et Montpellier permettent de le comprendre. Dans la première, touchée très durement par la peste, de nouvelles formes de contrôle de l’espace urbain, mais encore d’action policière, ont impliqué de nouveaux groupes sociaux et permis l’émergence de nouveaux acteurs. À Montpellier, ces tendances ont été moins nettes. En revanche, dans les deux villes, ces modes d’action nouveaux ont reposé sur une adhésion, et suscité, parfois, des formes de rejet et de résistances. ...(11 pages)

 Michel SIGNOLI : La mission médicale montpelliéraine à Marseille lors de l’épidémie de peste de 1720 L’épidémie de peste du début du XVIIIe siècle a été l’occasion d’un important débat scientifique autour de la contagiosité de la peste. Si une telle controverse peut nous faire sourire aujourd’hui, force est de constater que ce débat fut l’occasion de franchir une étape importante dans la recherche scientifique. Les membres de la mission médicale montpelliéraine envoyée à Marseille, contagionnistes pour certains, non contagionnistes pour d’autres, jouèrent un rôle important dans ce contexte. ...(10 pages)

 Pierre-Yves LACOUR et Nicolas VIDONI : La peste dans le cérémonial des consuls. Présentation, édition et commentaire d’une relation de la peste de 1720-1723 Une « relation » de la peste de 1720-1722 est conservée dans le « Cérémonial » des consuls de Montpellier. Cette insertion peut paraître surprenante au regard de la plupart des textes contenus dans le registre, d’autant que l’épidémie a épargné la ville. La mise par écrit et en archive de ce récit consulaire sert essentiellement à trois choses. D’une part, cette « relation » permet de conserver la mémoire des mesures sanitaires prises durant l’épisode de peste en prévision d’un possible retour de l’épidémie. D’autre part, le récit permet d’enregistrer la distribution des rôles entre la Municipalité et le Gouverneur dans la lutte contre l’épidémie, attribuant à l’autorité seule du second les décisions les plus restrictives et notamment la fermeture de la ville. Enfin, ce texte manuscrit tient lieu de pré-écriture de l’histoire de la lutte contre la survenue de la peste à Montpellier, la plupart de ses éléments étant notamment repris par Charles d’Aigrefeuille dans son l’Histoire de la ville de Montpellier dont elle constitue la principale source. Nous publions intégralement ici le texte extrait du Cérémonial... (6 pages)

 Michel-Édouard BELLET : Saint-André-de-Sangonis et "le mal contagieux" de 1720 Le dépouillement d’un dossier des archives du village de Saint-André-de-Sangonis (haute vallée de l’Hérault) consacré à la menace de peste de 1721-1722 après l’épidémie marseillaise montre quelles mesures sont mises en œuvre. Il indique les fermes privations de libertés décidées pour éviter l’épidémie menaçante. Elle n’atteindra finalement pas cette zone. Le croisement avec d’autres sources d’archives permettra certainement d’affiner encore l’approche, en particulier sur le plan économique... (8 pages)

 Christian GUIRAUD et Frédéric MAZERAN : Aux origines de la vaccination antivariolique dans le département de l’Hérault Le fonds d’archives, tout à fait exceptionnel et inédit, possédé par Frédéric Mazeran est à l’origine de cet article. Il permet de situer l’apport remarquable des médecins de la famille Haguenot dans le traitement de la variole et l’instauration de la vaccination. Henri Haguenot, Doyen de la faculté de médecine de Montpellier, a été, dès 1734, l’initiateur d’une méthode de traitement de cette maladie au plan européen. Dès 1801, un de ses neveux, le médecin Marie-André Haguenot, est un des premiers inoculateurs héraultais de la « vaccine » en agissant auprès de la population de l’arrondissement de Pézenas. Ses différents rapports adressés à la société de la vaccine, placée sous l’autorité du Ministre de l’Intérieur, font état de la vaccination de 1293 sujets entre 1801 et 1805. Par la suite, plusieurs autres rapports témoigneront de l’action de ce médecin auprès des plus défavorisés, en vaccinant gratuitement leurs jeunes enfants. La correspondance de Marie-André Haguenot souligne sa démarche médicale et son attitude d’observateur/chercheur de cette maladie, ainsi que les résultats obtenus auprès des populations vaccinées. Cet article reconstitue la trajectoire sociale et médicale de ce médecin héraultais. ...(16 pages)

 Jean SAGNES : Le choléra à Clermont-l’Hérault en 1893 et l’action de Paul Vigné d’Octon, le futur « député choléra » En 1893, le choléra, parti de Marseille, touche Clermont-l'Hérault. Le médecin-écrivain, Paul Vigné d'Octon, averti, se précipite aussitôt dans la petite ville héraultaise au secours de la population. En 1926, 33 ans après, Vigné d'Octon fait le récit de cette brève aventure qui lui a valu une grande popularité dans la région et explique en partie son élection à la députation quelques mois plus tard. ...(6 pages)

 Freddy VINET et Guillaume PAPAIX : La grippe espagnole dans l’Hérault : impacts et gestion d’une épidémie hors normes La grippe espagnole a peu suscité l’intérêt des historiens en France. Occultée par l’ombre mémorielle de la Première Guerre mondiale, elle soulève pourtant de nombreuses interrogations quant à son bilan humain, sa diffusion géographique, sa perception et son vécu par les populations d’alors. Partant de trois sources locales que sont les registres d’état civil, les archives des hôpitaux et la presse, cet article montre que la ville de Montpellier est touchée dès le mois d’août par des décès massifs de jeunes adultes alors qu’il est couramment admis que la deuxième vague de grippe commence en septembre 1918. Par ailleurs, dans les zones rurales l’épidémie est relativement courte (deux à trois semaines) en revanche la phase aiguë dure plus de deux mois dans les villes. Les mesures restrictives sont prises tardivement par les autorités sanitaires et politiques. Elles sont minimalistes et relèvent plutôt d’une réaction à l’épidémie que d’une stratégie de réduction de la contagion. ...(13 pages)

 Guy LAURANS : Le Journal de Georges Quesnel et la grippe Août 1918-Mai 1919 Le journal tenu quotidiennement par Georges Quesnel à Montpellier durant l’épisode de grippe espagnole (1918-19) permet de saisir comment un observateur bien informé peine à saisir l’épidémie dans toute son ampleur. La maladie reste largement incompréhensible et mal identifiée. L’expérience des décès parmi ses proches illustre un rapport à la mort largement déterminé par l’interminable hécatombe de la guerre. Un document annexé révèle les polémiques occasionnées par la pandémie, à rapprocher des réactions actuelles sur le Covid-19. ...(19 pages)

 Nejma OMARI : La propagation de l’épidémie : Traitement médiatique de la grippe « espagnole » dans la presse quotidienne héraultaise En ces temps troublés, le monde doit faire face à ce que les discours politiques ont eu tendance à qualifier de « plus grave crise sanitaire depuis un siècle », faisant ainsi référence à la grippe de 1918 dite « espagnole ». S’il est exclu de confronter grippe et COVID-19 du point de vue conjoncturel – les mesures hygiéniques et le contexte de la Grande Guerre n’étant pas assimilables à notre époque – l’analogie entre ces deux pandémies peut s’avérer fructueuse lorsqu’il s’agit d’examiner la gestion et le traitement médiatique des deux crises (mesures prophylactiques, impréparation, communication et désinformation…). Pour cela, la presse du XXe siècle est une précieuse source d’informations. Les journaux régionaux, en particulier, nous permettent de découvrir la manière dont les habitants de l'Hérault ont vécu l'épidémie. Cet article se propose donc de retracer l’histoire locale de la grippe « espagnole » à travers l’étude des quotidiens montpelliérains L’Éclair et Le Petit Méridional. » ...(14 pages)

 Alain ALQUIER : La situation sanitaire dans le département de l’Hérault au cœur des années noires 1942-1944 Au cœur des années noires, dans le département de l’Hérault, alors que les habitants subissent de sévères pénuries alimentaires qui affectent de plein fouet leurs organismes, des petites épidémies de maladies à déclaration obligatoire éclatent. À travers cet article, essentiellement centré sur la période novembre 1942-août 1944, nous nous intéresserons à ces virus et à ces bactéries qui frappent la population héraultaise qui cohabite alors avec l’armée allemande ; nous nous intéresserons également aux causes de leur propagation, ainsi qu’aux réponses qui sont apportées par les autorités de Vichy pour essayer de les endiguer. ..(10 pages)

 Michel CHRISTOL et Jean-Claude RICHARD RALITE : Inscriptions de Montbazin : archives de Joseph Chauvet et Jean-Marie Amelin Les archives de Joseph Chauvet et de Jean-Marie Amelin apportent des données sur les recherches archéologiques durant le premier XIXe siècle. Elles permettent de mieux analyser deux inscriptions provenant de Montbazin (ILGN 544 et 550) : leur provenance, leur décor, le texte qu’il serait possible de restituer. Elles montrent l’intégration de cette région entre Lez et étang de Thau dans la vie de la grande cité de Nîmes au IIe siècle ap. J.-C. ...(10 pages)

 

Michel-Édouard BELLET et Guy LAURANS : Châteaux anciens, tours et métairies nobles ; Journaux et périodiques en Roussillon

Frédéric Mazeran et Jacques Nougaret (sous la direction de). Châteaux anciens, tours et métairies nobles, Tome 1 Béziers et le biterrois. Éditions le Chameau malin, Béziers, 2020, 587 pages.

Bonet (Gérard), Landelle (Marie) et Souche (Madeleine) (éds), Aperçus de la presse roussillonnaise. Diversité et mutations 1870-2020, Actes du 4e colloque de l’Association pour la promotion de l’histoire dans les Pyrénées-Orientales, Publications de l’Olivier, Perpignan, 2020.

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